Le blog de Julien Arbez

Une religieuse au déjeuner

Qu’est ce que c’est que cette histoire à dormir debout ? Une religieuse au déjeuner ? Attendez, je vais vous raconter ! La religieuse, c’est le petit nom de la fameuse mante qui fait parler bien des humains. Cet insecte volant habite les prairies bien ensoleillées, entre herbes, buissons et rocailles.

Un bel animal, tantôt vert tantôt brun, qui passe facilement inaperçu dans les paysages tant son mimétisme est efficace.

Elle est difficile à trouver dans les herbes lorsqu’elle est immobile. Mais dès qu’elle se met en mouvement, l’œil alerte saura détecter ce gros insecte fort peu vagabond et s’émouvoir de voir une telle création de la nature. L’évolution recèle bien des surprises !

C’est en été et en automne que l’on peut avoir la chance de croiser la mante religieuse. D’ailleurs, pourquoi la nomme-t ’on religieuse ?

A cause de la manière qu’elle a à se maintenir debout, les bras repliés devant la tête comme une bigote afférée à parler à son dieu.

En été donc, et surtout en début d’automne, la mante religieuse cherche un substrat, souvent un rocher ou une écorce, pour y fabriquer une oothèque dans laquelle elle déposera ses œufs. C’est là qu’il faut la chercher !

Outre sa silhouette à faire pâlir n’importe quel rosier sauvage, c’est un prédateur redoutable, capable de force et d’agilité, et surtout armé à souhait pour attraper et maintenir ses proies… le temps de les dévorer vivantes. La nature est cruelle et fascinante.

J’en ai fait l’expérience début octobre, lorsque j’ai repéré l’une d’entre elles sur une tête de roche affleurant d’une pelouse sèche… très sèche… Je la photographie, l’observe, l’admire, quand un criquet arrive au vol et se pose à une cinquantaine de centimètres d’elle.

Aussitôt, ses pupilles guettent la future proie. Je les vois se tourner, puis l’animal se met doucement, tranquillement, en mouvement en direction du criquet. Je me dis oh, si le criquet ne la voit pas arriver, je vais avoir droit à une scène de prédation !

Soudain, une seconde mante, beige cette fois-ci, venue de nulle part à toute vitesse par les airs, fond sur la mante verte qui s’apprêtait à cueillir le criquet. Je n’en crois pas mes yeux. Je ne comprends pas tout.

Ca va si vite ! Les ailes déployées, les deux mantes se battent devant mes yeux à quelques 30 cm…

Quand je comprends finalement que la mante agressée est devenue l’agresseuse : Par je ne sais quel moyen, elle a réussi à attraper l’autre par le cou de ses grandes pattes armées de crochets. La beige ne peut plus bouger. Seul son abdomen vacille dans les airs.

Alors la verte se met à table : l’une après l’autre, elle découpe de ses mandibules toutes les pattes de son agresseuse et les dévore en quelques pénibles bouchées. Puis les ailes sont découpées. La tête est sectionnée, elle tombe au pied du ring.

Ouahou. Ca ne laisse pas indifférent… Finalement, la mante verte dévore le corps de son ennemie en entier en terminant par l’abdomen qu’elle tient comme une pinte pour fêter la victoire. La mante beige n’est plus. Seule gît sa tête sur le rocher calcaire. La verte, elle, descend de son rocher et s’offre une digestion au repos dans les herbes couchées.

Les images étaient difficiles à réaliser mais on parvient tout de même à comprendre un peu la situation. Cela me suffit.

D’autres mantes se montreront, tantôt vertes ou beiges, dans ce même pré jauni pâr les rayons du soleil et le manque d’eau de cet été avare.

A 300m de la maison, des mantes vivent leur vie de mantes.  Quand je voudrai quitter un peu ma vie d’humain, j’aurai peu de chemin pour y parvenir.

A bientôt les cannibales.