Le blog de Julien Arbez

Tous à la reproductionnnnnnnn !

L’automne arrive enfin. Moi qui craint les grosses chaleurs autant que je les maudis, qu’est ce que je suis heureux de retrouver les brumes matinales et les vapeurs ondulantes d’après-pluie !

Il y a quelques années, plusieurs me sommaient (avec respect !) d’arrêter de photographier les paysages de brume au profit des paysages ensoleillés. Je doute que d’ici quelques années encore je l’entende à nouveau.

J’aime le retour de la fraicheur, des ombres qui s’allongent. J’aime l’automne et ses senteurs, ses couleurs qui changeront bientôt. J’aime l’automne et ses parades nuptiales, démonstratives, vives, gages d’avenir. A commencer par ces modestes insectes, qui lorsqu’ils sont seuls ont du mal à attirer notre attention, mais qui, lorsqu’ils sont en nuage, forcent l’admiration !

J’ai nommé : les fourmis volantes ! Au cours d’un vol nuptial, à la faveur d’un orage ou d’une diminution de la pression atmosphérique, elles se regroupent par milliers afin de se retrouver et de s’accoupler. Seuls les mâles encore célibataires et les futures reines essaiment en un nuage mouvant impressionnant.

Une fois fécondées, les reines s’arracheront leurs propres ailes et gagneront un endroit sec et tranquille pour y pondre leurs œufs, le temps d’une vie.

Les mâles, quant à eux, seront la proie d’araignées, d’oiseaux et d’autres fourmis et ne mourront pour la plupart dans les 24h… Triste sort rendant l’avenir de leur espèce possible !

Côté plumes, les jeunes oiseaux ont pour la plupart quitté le domicile familial, comme ce faucon crécerelle qui guette les campagnols du haut de son pin sec.

Le sous-bois brille de la rosée du matin, se réchauffe de la couleur des feuilles qui s’apprêtent à dormir.

A l’automne, la forêt est un trésor.

Cherchez-y les âmes qui l’habitent et vous en serez riche !

Le soir, à l’heure ou parfois blanchit la montagne, résonne le cri des gardiens des bauges. Les grands cerfs s’époumonnent à faire vibrer les écorces, et durant toute la nuit donneront de la voix pour le concert le plus prenant que j’ai pu entendre.

Comme pour les fourmis volantes, les cerfs pas volants attaquent leur saison de reproduction et s’en donnent à cœur joie dans les entrailles de la montagne. Non pas pour attirer à eux les biches mais pour affirmer leur présence sur leur territoire.

Difficiles tout de même à observer, ils gardent leurs distances avec les Hommes qui ont commencé à les traquer il y a une semaine, fusil à la main et chiens au pied.

Cachez-vous âmes forestières, cachez-vous bien. Au petit matin, ne bougez plus, tendez l’oreille et fuyez discrètement.

Et on se retrouvera l’été prochain, vous serez plus beaux que jamais.

Lièvres, chevreuils, faisans, vivez cachés et vous vivrez heureux.

En tout cas vous vivrez.

Tant que la forêt est encore debout… vous aurez la foi et je vous croirai.