Le blog de Julien Arbez
27/06/2018
Symphonie d’été
Des couleurs, des couleurs ! Elles sont toutes dans la nature, au-dessus de nos têtes, devant nos yeux, à côté de nos pieds. Ce matin, c’est la Combe du couchant qui s’illumine de mauve sous les premiers rayons du soleil.
En contrebas, le lac des Rousses exhibe ses roseaux dans la douceur de Juin. Les premiers pêcheurs sont arrivés, les premières barques seront bientôt à l’eau.
A Lajoux, la tourbière du Manon profite elle aussi des belles lumières éphémères qui dorent ses plantes et souligne ses reliefs.
Sur une petite parcelle rocailleuse, de petites tiges sont apparues entre les coussins jaunes des sédums et les tapis violets des serpolets.
Tant la végétation est colorée, que même la bergeronnette grise aimerait changer de nom !
Dès 9 heures du matin, les abeilles viennent y faire leurs courses, accompagnées de quelques papillons et de nombreux bourdons.
Les serpolets sont visités un à un par les butineuses, et voient défiler minute après minute toute une bande de ces faiseurs de miel. Les vipérines aussi sont visitées, histoire de prendre un peu d’altitude et de voir là-haut ce qu’il s’y passe.
Le vulcain est aussi de la partie. Il déroule sa fine trompe jusqu’à aspirer le nectar de ces plantes séductrices.
Un zygène s’est posé sur une scabieuse et profite lui aussi du repas champêtre. Les couleurs se donnent aux couleurs, les senteurs se mélangent. Ca bourdonne, ça siffle, et de temps un temps un léger air de brise nous rappelle qu’on est bien dans le Jura… des fois qu’on se croit en Provence !
En tourbière l’ambiance est très différente. Ici les espèces sont moins nombreuses, mais typiques des milieux humides et très rares pour certaines.
Les linaigrettes sont en pleine fructification. L’aire de répartition de ces « herbes à coton » va des régions arctiques jusqu’aux régions tempérées, où elles sont surtout présentes comme ici en montagne. Autrefois elles étaient répandues en plaine, mais elles y sont désormais rares du fait de la disparition de leur milieu.
Les renouées bistortes, déguisées en brosses à dents roses, se dressent vers le ciel par centaines. Autrefois (et plus rarement aujourd’hui), leur rhizome a fréquemment été consommé cru ou cuit. Les jeunes pousses et les feuilles sont également comestibles. Avis aux goutteurs aventuriers !
Autour de la tourbière la végétation est moins spécifique et donc plus courante. On retrouve les traditionnelles grandes gentianes jaunes qui, cette année, grimpent haut !
A leurs côtés poussent des plantes souvent confondues avec ces gentianes : les vérâtres. N’essayez pas d’en distiller les racines pour faire de la Suze, ce serait peine perdue.
Pire que ça : il est toxique tant pour l’homme que pour le bétail. Les escargots, peut-être, s’en accommodent-t ’ils !
Il y a à voir et à toucher de partout. Des insectes aux formes extraordinaires aux oiseaux qui viennent se nourrir en passant par les graines portées par le vent, le monde de l’été foisonne de vie. Vous sentez cette odeur d’herbe coupée qui vous titille les narines ? Les foins ont commencé, dépêchez-vous !