Le blog de Julien Arbez
01/05/2020
Surprise d’avril
Venez, venez ! Je vous emmène retrouver les blaireaux du soir. La surprise, c’est pour tout à l’heure ! Comme les deux blaireaux que je vois régulièrement passent assez près de moi, je me suis dit : et si je tentais une image au grand angle ? C’est chose faite. La photo n’est pas incroyable, le blaireau est petit. Pourtant il est à 3 mètres environ. J’ai préféré cette image à une autre que j’avais en tête pour respecter la tranquillité des animaux et ne pas les apeurer.
J’ai également fait mes premiers affûts sur un autres secteur fréquenté par au moins un blaireau. Posté assez loin du terrier, j’ai observé le pépère longer la roche en forêt, trahi par le bruit incessant des feuilles mortes sous ses pieds.
Par chance, il s’est arrêté devant une cavité toute ronde, parfois habitée par un renard. Puis il a poursuivi sa virée loin de mon regard amoureux !
Dans la forêt du Risoux, les chouettes chevêchettes poursuivent leur nidification.
Les œufs n’ont pas encore éclos, et le mâle chaque matin, apporte un succulent campagnol roux étêté à sa compagne ravie de l’offrande. Malheureusement, je n’ai pas eu d’opportunités de photographier l’offrande la dernière fois que je leur ai rendu visite. Bientôt j’y retournerai, et peut-être que les jeunes auront sorti la tête… de l’œuf !
Le 18 avril, je suis retourné brièvement eu pied de l’arbre qui avait vu naitre 4 chouettes de tengmalm l’en passé, et à qui j’avais consacré beaucoup de temps.
Et cette année encore, la femelle a investi la loge abandonnée de pics noirs pour renouveler la partie. Quelle chance de retrouver cette chouette habituellement si rare et difficile à observer ! Je retournerai là-bas lorsque les jeunes se montreront à la fenêtre de la loge. L’aventure continue !
A quelques arbres de distance, les pics noirs, eux aussi, ont réinvesti le même logement que l’année précédente. On prend les mêmes et on repart !
Un autre couple de pics noirs niche également dans un grand hêtre, tout près de chez moi. Par chance, la loge est assez basse et le relief du terrain me permet d’être assis presque en face de l’entrée du trou, qui fait face à la pente.
Pour le moment le mâle et la femelle se relaient sur les œufs qu’il faut tenir bien au chaud malgré la chute des températures. D’ici une ou deux semaines, sera venu le temps du nourrissage.
Voilà de belles observations en perspective, avec une belle proximité et un décor agréable. Je suis impatient de voir les jeunes pointer le bec, appeler les parents, tambouriner frénétiquement.
Chez les lièvres aussi la libido va bon train. C’est l’heure où les mâles « bouquinent » : portés par l’envie répressive de se reproduire, ils se courent après, se provoquent, se boxent… et tentent de gagner les faveurs de la hase.
C’est dans ces moments d’excitation qu’ils sont moins méfiants et se laissent observer plus facilement. Ah ! l’amour !
Je suis également retourné plusieurs fois à la recherche des vipères péliades. Et pour la première fois cette année, j’ai vu une magnifique vipère mélanique, entièrement noire, d’une bonne taille et d’un caractère fort placide. Une merveille de la nature.
Et la surprise alors ? Elle arrive !
Le 23 avril, une amie m’envoie un message pour me dire qu’elle avait vu un lynx… et sa proie à quelques mètres, tout juste chassée et pas encore grignotée. Imaginez mon excitation ! Le soir-même, je vais repérer le coin que je ne connais pas, localiser la proie (-un chevreuil) couchée en clairière à quelques mètres de la lisière, et monter un affût. Je ne sais pas d’où le lynx va arriver, et je ne sais pas s’il viendra de jour étant donné qu’il a déjà été involontairement dérangé.
Le soir, à 20h22, les feuilles crissent. Il arrive. Mon cœur bat tellement fort ! Je ne le vois pas, mais je l’entends. Parfois, il marque la pose et semble méfiant. Puis je le vois apparaitre timidement, sortir du bois, jeter quelques coups d’œil autour de lui (et dans ma direction quand je déclenche ! Satané bruit du déclencheur !)…
Saisir sa proie et la traîner à l’abri en forêt. Je le perds des yeux mais continue à l’entendre. Il est juste de l’autre côté des petits épicéas qui sont entre lui et mon affût. J’attends que son repas se termine et qu’il disparaisse. J’ouvre grand mes oreilles, et j’attends environ une heure après le dernier bruit entendu pour quitter les lieux.
Le lendemain, je change de place l’affût pour avoir une vue sur la proie. Désormais je sais de quel endroit il arrive et je suis sûr de ne pas être sur son chemin. Mais l’endroit où il a caché le chevreuil n’est pas très bucolique pour un photographe : sombre, plein de branches, je sais que l’observation sera belle mais que les photos ne le seront pas autant.
Malgré ces difficultés, je fais le choix de ne pas déplacer la proie par respect pour le lynx. Je veux être témoin de la nature sans provoquer des situations. Je ne suis pas en studio et je respecte ça !
Le soir-même, 20h22, revoilà le lynx qui arrive d’un pas sûr sous la pluie battante. Cette fois-ci pas d’arrêt, pas d’écoute. Il se dirige vers le chevreuil et attaque aussitôt le premier gigot. Durant une quinzaine de minutes, il mange à grandes bouchées, après avoir pris soin d’enlever les poils par grosses touffes avec ses dents !
Puis une séance de toilettage à quelques mètres de là avant que tombe la nuit froide et humide. Malgré plusieurs autres affûts, je ne le reverrai pas. Peut-être ai-je quitté l’affût trop tôt la seconde soirée. Je ne sais pas. Quoi qu’il en soit, chaque nuit il revient sur sa proie pour casser la croûte. A l’heure où j’écris ces lignes, il ne reste du chevreuil que le squelette et la peau.
Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Et merci les copains !