Le blog de Julien Arbez
10/05/2015
Séductions
En Haute-Savoie comme chaque année, Avril a sonné la reprise des parades chez les tétras-lyres... Vous vous rappelez celles de l’année dernière ? Eh bien rebelotte pour cette saison : tente, appareil photos, sac de couchage et une bonne dose de patience pour des nuits... interminables !
Mais quel bonheur au petit matin !
Pour ce premier affût les animaux sont restés assez loin de la tente que j’ai placée trop haut dans le versant. Il faisait nuit lorsque je l’ai installée et je pensais être plus bas... mais l’ambiance est jolie, la lumière est au rendez-vous, j’en profite pour faire quelques images d’ambiances de ces oiseaux d’altitude...
Le deuxième affût a été plus réussi : mais rien à voir avec ces quelques fois l’an dernier où les mâles sont venus faire les beaux à quelques mètres de la tente. ils sont bien là, mais restent à distance en s’égosillant pour une femelle... que je ne vois pas !
Cette fois la neige a disparu du versant, et il ne reste plus que les coulées d’avalanches qui sont encore habillées de blanc. Les herbes ont pointé leur boutons, accompagnant croccus et soldanelles parmi les galeries de campagnols qui marquent le sol comme un immense labyrinthe.
Cette fois la femelle était là au lever du jour. Je l’ai distinguée dans les basses herbes à travers les ouvertures de ma tente de camouflage. Elle s’est mise à courir, les coqs ont courru. Elle s’est envolée, les coqs l’ont suivi. Puis elle a disparu, les coqs aussi. Sauf deux qui sont restés à distance, paradant jusqu’aux rayons du soleil, avant de disparaitre à leur tour dans un coin secret de montagne...
A Fleur d’eau maintenant, quelques 1000 mètres plus bas, le long du Fier qui traverse la vallée. Nous n’avons aucune chance de rencontrer un tétras-lyre, mais d’autres animaux qui se plaisent dans ce milieu sans cesse en évolution, subissant des crues à répétition et une érosion très rapide... Le gerris a replié ses ailes et court à la surface de l’eau. Sans doute à la recherche d’un insecte tombé à l’eau, peut-être à la recherche d’un partenaire...
Malgré la brusque montée des eaux de ces derniers jours, une jeune couleuvre à collier est de sortie.
Les moineaux profitent d’un moment ensoleillé pour se refaire une beauté, et venir se sécher dans les roseaux parmi les oiseaux de la roselière.
Les oiseaux de la roselière, ce sont les grèbes, les cygnes, les canards et autres poules d’eau. Mais ce sont aussi les petites rousserolles qui, fraichement arrivées, virevoltent dans la végétation en chantant haut et fort leur envie de trouver un partenaire... ou de protéger leur petit bout de territoire pour celles qui se sont déjà trouvées !
Les roseaux forment souvent des massifs denses dans lesquels les grands animaux pénètrent difficilement, ce qui assure aux oiseaux comme la rousserolle une protection contre les prédateurs terrestres. Dans certaines régions d’Europe, l’effarvatte s’est même adaptée aux cultures et y construit son nid !
Les lézards verts fricottent en cachette au pied d’un jeune arbre. Monsieur est à droite, avec la gorge bleue. Madame est à gauche, à la recherche de Monsieur (si si, je l’ai vue lui courir après !). Une araignée passera à quelques centimètres de monsieur sans que celui-ci ne fasse un mouvement. C’est la saison des amours, et les reptiles semblent avoir d’autres idées en tête que mettre les pieds sous la table !
Début Mai. Je remonte dans le Haut-Jura voir si les premiers cabris de l’année sont nés. Les cabris sont les jeunes chamois aux cornes inapparentes. Il est encore un peu tôt, ou peut-être que eux m’ont vu passer, mais je n’en verrai pas. Je verrai surtout des jeunes de l’an dernier accompagnés par des femelles. Heureux de croquer dans la fraicheur du printemps !
Une petite dernière juste pour la route. Cette image m’a d’abord fait rire, puis elle m’a interpelé. Observez le regard de cette chèvre. Je suis derrière elle, et pourtant elle me voit très bien ! A méditer...
Au plaisir !