Le blog de Julien Arbez
20/07/2016
Savoureux détails
Le mois de Juillet s’apprête à tirer sa révérence, sur une note chaude de lumière, dans l’odeur des foins coupés.
Les brumes du petit matin apprortent la fraicheur recherchée en journée. Le soleil ne va pas tarder à se montrer, encouragé par les sonnailles des troupeaux en estive.
Le sous-bois n’avait pas encore été aussi vert cette année. Le vert pâle des gentianes ponctue le verte tendre des feuilles d’airelles et de myrtilles. Sur les pentes les cityes sont en fleur et bientôt, les lis martagons verront s’épanouïr leurs premières fleurs.
Ce matin, c’est une chevrette qui m’a fait la surprise d’une visite, quelque temps avant le passage furtif d’un grand-tétras fort méfiant...
Et voilà que quelques heures plus tard, un léger tambourinage attire mon attention. Il ressemble étrangement au bruit entendu l’an dernier dans le même massif forestier, à deux kilomètres environ de là. Rebelotte ! Me voilà à nouveau en face d’un pic tridactyle ! J’avais eu droit à l’observation du mâle, j’ai désormais la chance de rencontrer la femelle ! L’oiseau est extrèmement rare, mais cette fois-ci je tremble moins, j’ai déjà eu affaire à lui ! Je garde mon calme et m’assieds au pied de l’arbre que Madame visite de son bec costaud. Durant près d’une heure et demi, je la verrai changer deux fois d’arbre et se toiletter contre le tronc d’un épicéa en fin de vie, à 8 ou 10 mètres du sol, dans la lumière du soleil de 10 heures. Je n’en demandais pas tant !
Dans la combe chaude et ensoleillée s’agitent quelques boules de poils. Les marmottes ont sifflé, l’observateur que je suis n’a pas échappé aux sentinelles ! Nous sommes à la mi-Juillet et les marmottons de l’année ne devraient pas tarder à faire leurs premières excursions hors des terriers. Malheureusement aujourd’hui je ne les verrai pas, mais je verrai leurs grands frères nés l’année passée. Je reviendrai !
Je vais m’attarder un peu sur les voisines qui me font de l’oeil... Plus simples à approcher, moins méfiantes et difficiles à dissimuler : les vaches ! Il y en a de toutes les couleurs ! De la vache unie à la vache-à-taches, de la noire et blanche et celle toute en couleurs, voilà un autre aspect de la diversité des alpages.
Et dire que "peau de vache" est une insulte !
Quittons nos amies tranquilles et bien portantes pour rejoindre le monde fantastique de la petitesse. Asseyons-nous, scrutons du bout des yeux. En bas des troncs. Sous les feuilles. Sur les herbes. Partout. Nous avons mis les pieds chez une belle bande d’habitants !
Dans la tourbière entre sphaignes et trous d’eau, fleurissent timidement les canneberges. D’ici quelques semaines, elles offriront leurs baies rouges aux gourmands gourmets !
J’ai les pieds dans l’eau, le sol rebondit sous mes pas. Je ne peux résister à une nouvelle visite de ces chers droséras renconrés le mois passé. Toujours au rendez-vous, plus nombreux encore que la dernière fois, toujours aussi minuscules, les voilà tous bras ouverts à charmer les insectes.
Les hampes florales se sont dressées et les premières fleurs de droseras de la saison verront bientôt le jour. Il est encore trop tôt pour voir ces redoutables plantes carnivores offrir aux insectes un nectar qui ne sera pas leur dernier repas !
Puis vient l’heure où le soleil glisse derrière les sapins, où les forêts rougeoyantes se ternissent en un clin d’oeil. L’heure où la chouette ouvre l’oeil, l’heure ou le vers luisant allume sa lanterne.
La tourbière vibrera peut-être cette nuit sous les pas du cerf, les vaches verront sans doute passer quelques goupils. Et la nuit sera belle, encore, encore.