Le blog de Julien Arbez
05/09/2014
ROUMANIE - Le delta du Danube, paradis à plumes
La route en bus de Bucarest à Tulcea a été longue. Nous voilà aux portes du Delta du Danube, la plus grande zone humide d’Europe. Elle équivaut à la surface d’un petit département français, rien que ça ! Après avoir parcouru près de 3000 km à travers 10 pays, le Danube vient ici se marier avec la mer noire, ouvrant ses bras aux bateaux et aux pêcheurs.
De petits villages sont disséminés ça et là, le long des bras d’eau, sur des îles où pâturent chevaux et vaches. Près de 15 000 habitants pratiquent ici la pêche et l’agriculture, au rythme des saisons et des allers et venues des barques élancées.
Au néolithique, le delta était encore un golf de la mer noire, habité par ses premiers Hommes. Aujourd’hui et depuis 1918, l’ensemble du delta, (mise à part sa partie Nord héritée par l’URSS en 1940 puis l’Ukraineen en 1991) appartient à la Roumanie.
Ici les loutres cotoient tortues, nénuphars et fermes aquacoles. Mais le Delta est surtout connu pour être le paradis des oiseaux. Par-dessus l’étang, soudain j’ai vu, passer des oies sauvages... Et dans la lucarne d’une vielle bâtisse une chouette nous guette en cachette.
Chouette une chevêche !
En 1992, suite aux efforts de biologistes et aux appuis médiatisés de notre cher explrateur au bonnet rouge (ben oui, Cousteau !!!!), le delta est classé "Réserve mondiale de biosphère" par l’UNESCO. Une "Réserve mondiale de biosphère", mais qu’est ce que c’est ? C’est un statut qui a pour vocation de concilier conservation des diversités naturelle et culturelle et développement économique et social. En gros, on maintient les activités humaines, on préserve le milieu naturel, grâce à des efforts combinés des communautés locales et du monde scientifique.
De quoi satisfaire les hérons, pélicans, sternes et autres grenouilles. Enfin, presque toutes les grenouilles... Bouh ! Vraiment, le crabier chevelu n’a pas de coeur !
Protegée par sa carapace, la cistude d’Europe prend un bain de soleil à deux pas du village de Maliuc. Cette petite tortue, discrète, savoure les chaleurs de septembre avant de passer l’hiver sous la vase à l’abri du gel.
Mais cette guifette, là, elle va se taire ou bien ?
Sur la clôture entre rivière et chemin, un petit oiseau agite sans cesse la queue en poussant de petits cris aigus. La pie-grièche écorcheur trouve ici son bonheur parmi les insectes volants et les larves qui rampent au sol.
Oui, t’es bien là, sur ce fil avec ce crin de cheval qui pendouille. Tu ne voudrais pas tourner un peu la tête STP ? Quelle star, mais quelle star !
Au petit matin, j’ai la chance de surprendre 2 pélicans blancs accompagnés de cygnes et d’un héron. Mes premiers pélicans ! Depuis le temps que j’en parle, les voilà, beaux, rondouillets, silencieux à gorge déployée !
Bien sûr ces deux-là ne tyarderont pas à s’envoler. Juste le temps de faire 4 photos et zou ! Les voilà envolés dans un fracas du tonerre ! J’en verrai d’autres plus haut dans le ciel. Qui tourneront, passeront, retourneront, mais jamais ne se reposeront. Du moins pas à portée de regard.
Exotisme, quand tu nous tiens !
Le long d’une rivière, les rencontres s’enchainent au gré des pas. Caché derrière un tronc, j’approche un cormoran pygmée qui me présente ses écailles. Rencontre rare !
Dans un saule en face de moi, une tache orange attire mon regard. Le martin-pêcheur est de la partie, minuscule dans l’immensité du Delta !
Les pics cendrés sont assez nombreux par ici. Par chance, l’un deux revient régulièrement piéter au sol les fourmis dont il se fait un délice.
Les pies viennent chahuter un faucon hobereau sur sa branche,
et les guêpiers se demandent qui est ce touriste qui semble un peu trop s’intérresser à eux. Ca cause par là-haut !
Mercredi 3 Septembre. Le ciel est clair quand nous arrivons sur le Lac Furtuna, l’un des plus grands du Delta. Le soleil dépasse l’horizon, les pêcheurs sont déjà au travail. Des nuées d’oiseaux fuient devant la barque à moteur qui fend les eaux et les algues.
Les saules sont partout. Devant, derrière, sur les côtés, partout. Quand ce ne sont pas des saules, ce sont de vastes roseaux qui dansent ensemble pour les nénuphars blancs et jaunes qui s’ouvrent aux premières lueurs du soleil.
La progression n’est pas toujours facile, mais pas de quoi faire peur à notre hôte Julien. Et la barque à moteur se transforme en gondole.
Hérons, que vous êtes nombreux ! Aigrettes garzettes,
hérons bihoreaux,
hérons cendrés
crabiers chevelus...
Même la grande aigrette a le vent en poupe ! Facile de faire la différence entre elle et sa petite cousine l’aigrette garzette... quand on les voit côte à côte !
Dans chaque étendue d’eau ou presque, les filets des pêcheurs habillent le Delta. Ici, la carpe est reine, et le brochet est aussi convoité. Autrefois, les nombreuses espèces d’esturgeons étaient pêchées mais ce n’est aujourd’hui plus le cas.
Les grenouilles vertes foisonnent, camouflées dans les algues flottantes qui forment par endroits d’immenses tapis qui font disparaitre les eaux.
Leurs prédateurs aussi sont là. Cette belle couleuvre à collier osculte les abords d’un petit embarcadère.
Mais où sont donc ces grenouilles ? Quand même pas tout là-haut sur la barque ? Non quand même !
Voilà 3 jours passés dans le Delta du Danube. Il est de temps de partir pour les Carpates. Ce delta dont j’avais tellement entendu parler, dont j’avais vu des images, m’a soufflé quelques secrets à l’oreille. Mais il en garde du mystère ! C’est ça qui est beau non ?