Le blog de Julien Arbez
10/04/2017
Printemps forestier
Cette semaine, partons en forêt prendre des nouvelles du printemps ! Profitons des fleurs du bois joli, qui bientôt abandonnera sa parure mauve contre de nouvelles feuilles.
La vipère se dore la pilule en lisière. Terminé la recherche d’un partenaire, voici venu le temps de la bronzette entre deux parties de chasse.
Les papillons voient leur heure de gloire arriver à grands pas, sous le soleil puissant de cette mi-avril ; Les araignées espèrent bien en attraper un, histoire de varier un peu leur menu.
Les becs-croisés ont fini d’élever leurs jeunes dans les branches touffues d’un épicéa. Pour eux, la saison de reproduction et d’élevage est tout à fait terminée.
Mais les véritables stars de ce printemps, ce sont de petites boules de poils, très nombreuses cette année, du fait d’un automne riche en fruits et d’un printemps doux : les campagnols roussâtres ont investi le sous-bois !
Comme chaque année me direz-vous. Oui, sauf que cette année, ils sont si nombreux qu’ils sortent de partout entre pierres moussues et feuilles mortes. Vous ne les avez pas rencontrés ?
Entrez en forêt vers 19h et trouvez un endroit confortable où vous asseoir. Confortable hein ! Vous risquez d’y rester une heure ou deux. D’abord, vous ne verrez rien. Non pas que la forêt soit désertée de ses habitants, mais vous avez fait du bruit en marchant sur le sol sec et craquant. Attendez 20 minutes ! Soudain, une feuille bruisse. Il vous a semblé apercevoir une bête filer, mais tout est allé beaucoup trop vite et vous n’êtes pas sûrs de vous. 2 minutes plus tard, un second bruissement retentit droit devant vous. Ca y est ! Vous l’avez vu ! Maintenant jusqu’à la tombée de la nuit, vous verrez et entendrez ceux dont on ne soupçonne pas même l’existence.
A force d ‘observations vous repérerez les trous dans lesquels ils se cachent, reconnaitrez les lieux de passage régulièrement empruntés (oui, les campagnols ont aussi leurs habitudes !), apprendrez à reconnaitre le plus vaillant de la bande qui saura se faire respecter.
Vous ne faites pas de bruit, ni de mouvement. Peut-être même qu’un chevreuil passera vous rendre visite à l’improviste !
Les campagnols roussâtres habitent les sous-bois peuplés de bois mort. Comme tous les campagnols, ils sont à la base de la chaine alimentaire et nourrissent aussi bien le chat sauvage que la chouette hulotte ou l’hermine.
Cette année comme ils sont très nombreux, les portées de leurs prédateurs risquent de l’être tout autant, et le nourrissage des jeunes n’en sera que plus aisé.
En ces périodes fastes, c’est toute la population forestière et des envions qui profite de l’aubaine ! Par exemple, la chouette de Tengmalm, petite chouette de montagne qui habite les loges abandonnées de pic noir, attend la nuit pour fondre sur eux comme neige au soleil.
Elle en aura bien besoin car bientôt c’est toute une clique de bambins qui va voir le jour du haut du grand hêtre. Et qui aura de l’appétit !
Quittons le sous-bois mouvementé pour rejoindre les praires environnantes, ivres de couleurs et des premières senteurs. Les crocus ont pointé le bout du nez,
les jonquilles ont fait de même. D’ici une ou deux semaines, toute la prairie sera ensoleillée de fleurs, d’insectes et de quelques randonneurs.
Comme le marais qui n’a pas attendu et a déjà revêtit ses couleurs chaudes. Les populages sont en fleurs, nos yeux aussi.
Gardons-les ouverts, restons attentifs, une rencontre magique est si vite arrivée !