Le blog de Julien Arbez
22/08/2016
Nuit et jour
La nuit a été douce. Ce matin le lac rejoint le ciel de ces brumes claires. Et la Combe du Lac rêve. Les mains dans les poches, les sillons dressés, déjà un pêcheur attend... un quelconque brochet en maraude ou une truite imprudente.
Puis le lac s’embrase et scintillent les nénuphars. Libellules et demoiselles suivent leur mission avec obstination : surveiller le territoire, chasser les intrus, et trouver quelque chose à grignotter : un moucheron, un moustique, une nageuse en bikini...
Et le soleil monte, monte, monte, abrégeant les ombres, nourrissant les plantes. Qu’elles soient mousse, épicéa ou noisetier, chacune se goinfre de lumière pour grandir et grandir encore. Les feuilles s’agrandissent, les tiges s’allongent. Chacune y va de sa propre manière, à sa propre vitesse.
Chacune ses dédales de nervures, chacune ses couleurs, chacune ses senteurs.
A la lisière forestière s’agite un papillon aux ailes zébrées de noir et de blanc, et qui n’a rien à envier aux couleurs des feuilles : l’écaille chinée. A peine posée sur le noisetier et voilà que ses 2 grandes ailes s’écartent pour laisser apparaitre 2 autres ailes orange et bariolées de noir. Je fais ma première rencontre avec ce papillon pourtant commun des lisières et des terrains vagues.
Dans le sous-bois s’épanouïssent de petites fleurs mauves et timides : les cylamens. Fin août, c’est le moment ou jamais pour les apercevoir, parmi les mousses et les campanules. Si au Japon c’est la fleur sacrée de l’amour, elle est dans la culture occidentale un symbole de beauté et de jalousie. Le cyclamen était jadis la fleur que l’on offrait pour manifester son fort attachement. Aujourd’hui il symbolise la durée et la sincérité des sentiments.
Les fleurs fécondées libèreront bientôt de grosses, très grosses graines recouvertes d’un mucilage sucré, qui seront dispersées par... les fourmis ! Merci qui ?
Partout dans les paysages qui nous entourent, se jouent des associations entres les espèces. Encore un exemple : les racines de nombreux arbres s’associent à certains champignons dans une symbiose utile à la plante : racines bien développées, absorption facilitée de l’eau et des éléments nutritifs, meilleure croissance... Quant à la plante, elle fournit au champignon de quoi manger et grandir. Sous le terme un peu barbare de mycorhize se cache une réalité très concrète !
Il est 20h. Sur les hautes-Combes, les heures chaudes de la journée laissent place à la fraicheur du soir. Les balles rondes et les épicéas s’assombrissent, le ciel jaunit puis rosit.
Et rebelotte. Depuis des Milliards d’années sur notre Terre minuscule, rebelotte ! Apparait la lune et voguent les nuages. Tourne, tourne tourne notre petite boule habitée, perdue dans l’immsensité de l’Univers, entre soleils et poussières d’étoiles.
Une planète minuscule, pleine de surprises et de couleurs. Un bijou d’ingéniosité, un écrin de mystères. Pour que l’on puisse rêver encore.