Le blog de Julien Arbez
14/10/2019
Nuances automnales
Il fait beau. Il fait beau mais une pluie de couleurs a déversé ses nuances sur la forêt jurassienne, donnant aux paysages de montagne une allure de tableau impressionniste.
A l’heure où le soleil tire sa révérence, même les orties participent à la mise en scène !
Les plantes se teintent des couleurs chaudes de l’automne. Quelques papillons survolent encore les gentianes rougeoyantes des prairies rocailleuses,
tandis que les forêts d’altitude doucement abandonnent leur verdure et se réchauffent dans la rosée du matin.
Les myrtilles qui recouvrent les sous-bois offrent leurs derniers fruits sucrés, et bientôt se dévêtiront de leurs ailes dentées.
Les érables se dorent une dernière fois la pilule,
sous le regard des épicéas qui résistent à l’assaut des teintes de la Saint-Martin.
Les champignons vivent leur heure de gloire, encouragés par les pluies intermittentes de ces dernières jours.
Les cynorrhodons étoilent ça et là les bords de chemins,
Les fougères grimpent vers eux dans un dernier souffle d’or.
Dans les feuilles découpées d’un frêne adolescent, une minuscule araignée vient de terminer sa toile. Si les douces températures persistent, un moucheron en vagabondage terminera peut-être sa course dans son piège scintillant.
Ce matin la chance est avec moi. Un magnifique grand tétras croise mon chemin dans un pré-bois délaissé par les troupeaux aux milles sonnailles,
Se laissant observer une petite minute avant de disparaitre dans la forêt magique.
Au sommet d’un arbre gris, un pic tridactyle donne quelques coups de becs furtifs avant de s’envoler vers je ne sais quel garde-manger. Décidément ce matin, le cœur de la forêt bat son plein !
Au lac de Lamoura, à 1150m d’altitude, la tourbière est en feu.
Toutes les couleurs se sont réunies pour offrir au promeneur la plus belle de ses représentations. Si les droséras ont disparu dans le tapis moelleux des bords du lac, les sphaignes, multicolores parmi les bruyères et les graminées, se donnent en spectacle avant l’arrivée des premières neiges.
Comme si l’explosion de couleurs n’était pas suffisante, un canard mandarin a rejoint un groupe de canards colverts pour une halte bienvenue.
Reconnaissable entre tous, l’oiseau, originaire du Nord-Est de l’Asie, cherche sur les rives du lac quelques herbes et graines qui lui aideront à passer l’hiver.
Voilà deux années consécutives que ce mâle est aperçu dans le secteur. Durant quelques jours, il se laissera approcher sans difficultés par les familles venues prendre un bol d’air.
Puis il s’en ira rejoindre d’autres plans d’eau, emportant avec lui le secret de ses origines. Et la nature n’en finira jamais de nous surprendre.