Le blog de Julien Arbez
27/05/2020
Noir comme un pic
Voilà un petit récit sur mes affûts aux pics noirs de cette année 2020. Cette année, alors que je ne pensais pas passer du temps à l’affût de cet oiseau pour lequel j’ai consacré beaucoup d’heures il y a 3 ans, j’ai fini par changer d’avis : la présence d’une belle loge à faible hauteur, bien exposée et dans des conditions d’accès très satisfaisantes, est une aubaine. Je pars donc, dès le lendemain de la découverte, installer un filet de camouflage qui restera sur place un peu plus d’un mois…
D’abord, mâle et femelle se relaient pour couver les œufs, toutes les 2 à 3 heures environ.
Après 2 semaines d’incubation, les oisillons sortent de l’œuf mais les adultes restent avec eux à tout de rôle pour les protéger du froid. Difficile alors de dire à ce stade si les œufs ont éclos ou non !
De jour en jour, les allers et retours se succèdent avec discrétion dans la grande forêt de hêtres, d’érables et d’épicéas. C’est début mai que j’entends pour la première fois les jeunes jaqueter à l’intérieur de la loge. Ils sont encore petits et restent bien à l’abri au fond de leur cavité.
Mi-Mai, une première tête apparait à l’entrée du trou. C’est un mâle !
La deuxième tête apparait quelques jours plus tard. C’est encore un mâle. Durant une bonne semaine, ils se présentent de plus en plus souvent à la fenêtre pour attendre le retour des parents et pour les appeler quand le repas se fait tarder !
D’abord par petits cris, puis pas des appels francs audibles de très loin, ils donnent du fil à retordre à leurs parents dévoués qui s’évertuent à stocker dans leur bec les larves arrachées aux bois morts alentours.
Le 25 mai, un premier jeune prend son envol, laissant son unique frère seul dans la loge. Je ne le vois pas mais je sais qu’il est par là, dans les arbres autour de moi, à attendre le retour des parents en silence.
Le 27 mai, le second jeune quitte enfin la loge, forcé par l’absence imposée par ses parents et son besoin irrémédiable de casser la croûte : après 3 heures d’appels en vain, encouragé par les cris de sa mère à faire le grand saut, c’est en mon absence que le cadet s’envole pour la liberté !