Le blog de Julien Arbez
07/04/2024
Neige et pollen
Fin d’hiver 2024. Les érythrones dents-de-chien n’ont pas attendu le début du printemps pour s’ouvrir au monde.
Les lanternes de ces petits lys éclairent le pré-bois qui verra le retour des vaches dans quelques semaines.
En attendant, elles rivalisent de beauté entre jonquilles et crocus pour séduire les premiers insectes de passage.
Un nuage libère ses flocons, qu’à cela ne tienne ! La fleur se referme et s’ouvrira au retour des beaux jours.
Sommeiller pour mieux éblouir, l’adage printanier qui sent bon le renouveau !
25 mars. La neige refait une brève apparition sur la montagne jurassienne et redessine ses formes et ses contours. Au fil d’une marche matinale, la route goudronnée se vêtit tantôt de gélatine,
Tantôt de minéraux,
de plastique
ou de vitraux…
Mais le sol est chaud et la neige ne résiste pas à l’appel de la renaissance.
Dans les jardins du village, les pêchers éclaboussent de rose. Cette danse nuptiale fera danser syrphes et bourdons, amoureux et bougons !
Dans le bassin lémanique, l’herbe est déjà haute et la saison des morilles est presque terminée. Les mâles de lézards verts commencent à arborer une gorge bleutée qui trahit leur excitation.
Les vipères aspics déambulent frénétiquement entre les branchages et les lierres rampants à la recherche de partenaire avec qui elles danseront langoureusement, prélude à un corps-à-corps excitant.
J’ai suivi l’une d’elles sur plus de 100 mètres de distance, ce que je n’avais jamais observé jusqu’à ce jour ! Selon une étude réalisée sur une population de vipères normandes, les aspics se déplaceraient d’environ 700m par an. Celle-ci a donc fait son marathon de l’année !
Sur les rives du Rhône, quelques couleuvres vertes et jaunes profitent elles aussi de la hausse des températures pour se réchauffer avant de partir en chasse.
J’observe même ce 6 avril une belle couleuvre d’esculape qui ne me fera pas l’honneur de me montrer son visage. Moi qui n’aime pas tant me faire photographier, je peux comprendre… !
Plus haut dans la montagne, quand le soir tombe, les combes résonnent des derniers chants des grives et du tambourinage puissant du plus grand pic d’Europe.
Il est l’heure pour les blaireaux de quitter leur tanière, après avoir pris soin de humer les effluves pour s’assurer qu’aucun intrus ne se trouve dans les parages. Je suis à bon vent, la séance peut commencer.
Les étoiles apparaissent, le hibou rejoint la nuit, le trépied se referme, le rêve pour aujourd’hui est terminé.