Le blog de Julien Arbez
02/06/2016
Naturopathie
"La naturopathie est une médecine non conventionnelle qui vise à équilibrer le fonctionnement de l’organisme par des moyens jugés « naturels » : régime alimentaire, hygiène de vie, phytothérapie, massages, exercices, etc. ...". Si l’on conçoit que la nature et ses habitants équillibrent notre propre fonctionnement, alors laissons-nous aller à les concevoir comme une médecine à part entière ! Pour moi il n’y a pas de doute. Autour de nous se cachent bien des remèdes !
Il y a de ces matins qui vous ensorcellent. De ces matins où les paysages que l’on croyait connaitre prennent un autre visage. Où les ambiances nous pénètrent. C’est le cas ce matin du 20 Mai. Je suis parti pour prendre des nouvelles des naissances chez les chamois de la Vallée de Joux. En chemin les brumes m’appellent. Le village des Rousses a changé de costume, le temps d’un lever de soleil.
Dans le Massif du Massacre, la neige laisse place à des prairies ponctuées de mille étoiles bleues. Les gentianes printanières sont de la fête, offertes au soleil les pétales grands ouverts.
Suivies de près par les primevères offinales. Ou coucous ! Coucou le soleil ! Coucou les abeilles !
Il est 15h. Je marche à Septmoncel sur un sentier forestier. Quand tout à coup, des cris retentissent quelques mètres devant moi. Une gélinotte ! - battemens de coeur - Ni une ni deux, je sors l’appareil photos de mon sac à dos, saute sur les boutons de réglage de l’autofocus et de la vitesse. La gélinotte, après une course en sous bois les sens en alerte, traverse le chemin derrière moi. Clic ! Sur les 3 images, une seule sera nette :
Mais que fait cette gélinotte le long d’un sentier en pleine après-midi ? Bizarre ce comportement de fuite bruyante quand on sait le dscrétion dont elle peut faire preuve. Bien vite je comprends : en m’approchant là où je l’ai vu partir, une petite boule de plumes, montée sur échasses, court en sous-bois et se tappit au sol à moins d’un mètre de mes pieds. Une poussin ! Pfff ! Quelle journée ! Le temps de faire quelques images et je reprends le chemin en faisant attention où je mets les pieds ! La mère rappellera son poussin (et les autres que je n’ai pas vus !) quand tout sera redevnu calme.
Décidément ce printemps, les gélinottes me font bien des cadeaux !
Espérons que ce printemps pluvieux sera indulgent avec les oisillons. Pour que dans deux ans retentissent les chants amoureux de ces gélinottes dans les sous-bois !
La pluie n’empêche pas la renarde de faire ses amplettes dans les prés des Hautes-Combes. Sous terre, les renardeaux blottis les uns contre les autres ne tarderont pas à pointer le museau à la sortie. La découverte extérieure est imminente !
Ce mois de Mai a été si riche en surprises ! Ce jour-là, après un affût de trois heures devant un terrier de renard, je rentre à la maison. Le sous-bois est resté calme. Si l’on excepte les jeunes hérons qui quémandent leur filet de poisson ! Sur la route du retour, une hermine attire mon attention. Il pleut, mais un arrêt s’impose ! Je cours m’asseoir le long du mur de pierres sèches qui traberse la prairie. J’observe, j’écoute, rien. Pas l’ombre du pinceau de la queue d’une hermine. Je me fais une idée : elle a disparu dans les grandes herbes, je ne la reverrai pas. Je m’en retourne dans l’herbe mouillée quand je vois un mouvement dans un tas de pierres surmonté de quelques arbustes et orties. Elle est là !
Ce n’est pas une, mais quatre hermines que je vois se suivre à la course et disparaitre entre deux pierres calcaires ! Une portée ! L’occasion est rare. Le moment est merveilleux. Je tremble. Je suis comme ivre. Encore une histoire de naturoptahie !
Après être resté immobile et silencieux une vingtaine de minutes, une tête pointe entre pierres et racines. A deux mètres ! Je n’ose pas bouger. Je ne bouge pas. J’attends. Les autres ne sont pas loin, elles doivent gagner ma confiance ou s’immaginer seules. Les minutes passent, je lève discrètement mon appareil photo et me décide à appuyer sur le déclencheur. Malgré le bruit, la belle hermine continue de me regarder. C’est gagné !
Durant 90 minutes, les quatres frères et soeurs apparaissent et disparaissent, courrent et s’arrêtent, grignottent et reniflent. Malgré les difficultés de photographier ses boules de nerfs dans un environnement compliqué, qui plus est sous un ciel menaçant, les belles m’offrent quelques belles pauses. Sympas hein, les hermines !
Ces hermines sont nées sourdes et aveugles. Dépourvues de poils. Ah si ! Elles avaient juste une crinière temporaire par laquelle leur mère les saisissait pour les transporter. Pour le moment, les jeunes sont encore nourries par leur mère. Mais d’ici quelques semaines, elles attraperont leurs premiers campagnols.
Cet hiver, elles adopteront leur pelage blanc immaculé. Et le jeu de cache-cache pourra continuer ! Restez malicieuse et prenez garde. J’espère vous recroiser un jour !
Loin des hermines des pâtures d’altitude, me voilà en basse vallée du Doubs. Sur la berge opposée, les hérons font le pied de grue et les gravelots cherchent un lieu où pondre parmi les galets. Dans le ciel c’est un feu d’artifices. Les guêpiers sont revenus de leur quartier d’hiver pour se reproduire. Ici les berges sablonneuses sont faciles à creuser, c’est l’endroit où les oiseaux multicolores ont décidé d’y installer le nid.
C’est le temps de la séduction, des démonstrations de voltige, des bagarres aussi. C’est le problème quand deux couples ont choisi le même perchoir !
Et chez le guêpier, qui dit "amadouer sa promise" dit "lui faire une offrande" ! Une belle libellule, c’est beaucoup mieux qu’une bague avec diamant ! Des bijoux, ils en ont plein déjà ! Plein le dos, plein les ailes plein la tête. Des couleurs vives, fines, exotiques presque !
Ci-dessous, de gauche à droite : Jack, William et Joe. Averell faisait la gueule, il n’a pas voulu être sur la photo. De toute façon il n’y avait plus de place pour lui !
Un peu plus au sud, ni Doubs ni gravières, mais des étangs parsemés çà et là entre les douces collines bressanes. J’ai apporté mon affût flottant, je viens prendre des nouvelles des martins-pêcheurs et autres ragondins. Mais où sont donc passés les martins ? En deux jours, je n’en verrai qu’un apparaitre une demie-seconde et disparaitre derrière les roseaux très loin devant moi. C’est peut-être le temps de la couvaison, durant laquelle mâle et femelle se relayent à tour de rôle. Peut-être q’ils ont établi leur nid dans les berges de l’étang voisin, ou le long du ruisseau. Mystère ! Les ragondins, eux, ont pris de l’avance sur les flèches bleues : Chez plusieurs familles, les jeunes sont nés et siestent sur des lits de roseaux. Lorsque l’affût passe à proximité, bien sûr je ne les vois pas ! Plouf ! Plouf ! replouf ! Ils étaient là !
Et voilà ce que ça donne quand j’ai la chance de les repérer avant le grand plongeon. On ne se moque pas hein, chacun choisit sa coupe !
"Qui veut de moi ?"
" Ici c’est chez nous !"
"Chéri le nid est fini !"
L’immense roselière qui borde le plan d’eau est le théâtre de chansons d’amour ! Les rousserolles turdoïdes ne sont jamais aussi bruyantes qu’à cette saison ! Ici, un couple a bientôt terminé la construction du nid. Je vois les adultes faire les dernières finitions derrière le rideau de phragmites. Là, une rousserolle apparemment seule chante à tue-tête. Peut-être pour trouver l’âme soeur ou préciser que ce territoire lui appartient. Je n’en sais rien. Elles le savent bien.
Clôturons ce mois de Mai avec un oiseau trop rare et fort discret. Il m’a fait le plaisir d’une brève visite au pays des rousserolles. Dans les houppiers bordant l’étang, lui aussi chantait à gorge déployée. Le loriot a t’il choisi ce lieu pour continuer la chanson ?