Le blog de Julien Arbez
08/04/2020
Nature déconfinée
En ces temps curieux de confinement, la nature, elle, semble ravie : peu de voitures sur les routes, et enfin des chants d’oiseaux qui résonnent sans interférences avec ceux de métal. Quand le chat n’est pas là, les souris dansent !
Les pics verts, s’appellent et s’appelant encore. Un brin de toilette, quelques percussions sonores,
Puis les voilà qui finissent par se retrouver en lisière de forêt pour un accouplement dans l’ombre grandissante d’une fin d’après-midi. Le feu passe au vert !
Sur les prairies rocailleuses et bien exposées, les premières anémones pulsatiles fleurissent parmi les herbes sèches et les pierres calcaires amoncelées.
Leur nom provient du grec "anemos", qui signifie vent. La fleur s’agite lorsqu’il souffle, et les plumets qui restent après la floraison en indiquent la direction.
Mais il est encore trop tôt pour voir batifoler les plumets dans les airs : c’est le temps de la séduction, et les fleurs doivent attirer les insectes gourmands avant que les autres fleurs ne s’ouvrent…
Parmi celles-ci, la rare érythrine dent de chien.
Cette plante à bulbe (en forme de dent de chien), dont l’origine lointaine semble être les montagnes d’Asie, se rencontre dans les bois, les landes herbeuses et les pelouses plus ou moins boisées.
Rare dans le Haut-Jura, elle pousse ici sur les Hautes-Combes en lisière de forêt, entre les crocus, les plaques de neige restante et les jeunes épicéas qui gagnent la prairie.
25 Mars 2020. La forêt du Risoux se réveille avec les chants de grives et de merles à plastron. Dans cette immense forêt au caractère ancestral, une petite chouette me lorgne du haut de son arbre mort.
La chevêchette est sur le pied de guerre… ou plutôt le pied d’amour : la saison de reproduction bat son plein et j’ai même le droit d’observer un accouplement à la faveur des premiers rayons du soleil !
C’est la première fois que j’observe une reproduction de cette petite chouette. C’était un rêve ! Maintenant il ne me reste « plus qu’à » trouver la loge dans laquelle la femelle ira déposer ses œufs. Je trouve quelques loges dans le secteur immédiat que je me promets de revenir visiter dans quelques jours.
Quelques jours plus tard, bingo ! De retour dans la forêt au lever du jour, je vais de suite guetter les trous de pics localisés quelques jours plus tôt. A l’entrée de l’un d’eux, une petite plume est accrochée. Une plume qui n’était pas là la fois dernière ! Je crois avoir trouvé la loge. Je dois maintenant m’asseoir, guetter et tendre l’oreille…
7h10 : le mâle arrive de je ne sais où, et pousse la chansonnette doucement, étonnamment doucement. Il est à quelques mètres de la loge ! Il repart pour revenir une heure plus tard.
Même scénario : le mâle se branche, houspillé par les petites mésanges huppées qui voient là un prédateur redoutable. Il repousse une petite chansonnette, jusqu’à qu’une tête sorte du trou. La femelle le rejoint, quelques secondes, et s’en retourne dans sa loge.
Cette fois j’ai bien la preuve que les chevêchettes nichent dans ce petit épicéa à l’écorce qui se décolle. Je suis dans les nuages ! Je vais pouvoir revenir d’ici quelques jours, suivre l’évolution de la nichée, observer des scènes de nourrissage et pourquoi pas le premier envol des jeunes qui naitront !
Le printemps continue de nous dévoiler ses surprises plus bas dans la vallée. Entre deux massifs forestiers, j’ai repéré une coulée de blaireaux fort bien marquée. Après un repérage méticuleux, je choisis de me poster près de la coulée, de manière à réaliser quelques images en contre-jour. L’ambiance dans ce pré est magnifique : quelques jonquilles poussent ça et là, et de grandes laiches retombent sur le sol en cheveux d’or étincelants.
Les premières images sont réalisées après une petite poudrée de neige. L’affût semble bien fonctionner. Je ne suis pas très bien caché, mais ces animaux ont une vue assez faible. Par contre, gare à la direction du vent car leur odorat ne me fera pas de cadeau !
Les affûts se suivent et ne se ressemblent pas. De jour en jour, j’apprends à cerner les habitudes des deux blaireaux que je rencontre régulièrement : horaires de passages, comportements, chacune des nouvelles expériences est un précieux bagage pour faire d’autres images et tenter de m’améliorer.
La suite ? Je ne la connais pas moi-même ! Vous connaitrez les aventures de ces blaireaux et des chouettes chevêchettes quand je publierai les prochains articles ! Bon confinement, et portez-vous bien !