Le blog de Julien Arbez
22/09/2016
Les pieds dans l’eau
Avec ses 70 km de longueur, la Bienne est l’un des principaux affluents de l’Ain. Prenant sa source sur les flancs du Mont Fier à Prémanon, rejoignant le Bief de la Chaille en amont de Morez au lieu-dit « les Rivières », elle se marie avec l’Ain au lac de Coiselet près d’Oyonnax. Et si l’on se jetait à l’eau ?
C’est la première fois que je fais de l’affût flottant en rivière. Et quelle expérience ! Cet été la sécheresse a eu raison des petites cascades et de nombreux ruisseaux. Dans la Bienne le niveau d’eau est très bas. Près de Vaux les Saint Claude, le niveau atteint péniblement les 30 cm. Pas facile de naviguer dans si peu d’eau, qui plus est sur un sol caillouteux ! A plat ventre, l’objectif au ras de l’eau, j’observe les martin-pêcheurs virevolter de saule en saule.
Quelques jours plus tard je me rends dans cet étang bressan que j’aime tant retrouver. Là aussi les martin-pêcheurs sont là, plus nombreux qu’au printemps. Ici la hauteur d’eau est très correcte, mais ce sont les plantes aquatiques (et envahissantes !) qui gênent ma progression !
Pour cause ! Les couples ont mis le paquet pour affronter l’hiver : 2, voir 3 pontes ont eu lieu et les jeunes de l’année ne se sont pas encore tous dispersés.
L’un d’entre eux me fait même la surprise d’une pêche peu commune ! Une petite grenouille verte, cueillie sur les châtaignes d’eau à la surface de l’étang, fera un repas de fête !
Dans un étang voisin, j’assiste à un spectacle étonnant : Des grandes bouches oranges apparaissent régulièrement à la surface, semblant happer des insectes en difficultés.
Il n’en est rien ! Ces carpes se tiennent à la surface pour venir « piper » l’air : c’est ce qui arrive lorsque les eaux se réchauffent et que la quantité d’oxygène présent dans l’eau diminue. Ou lorsque l’orage approche !
En effet, la diminution de la pression atmosphérique engendre la libération de l’oxygène et provoque des difficultés respiratoires chez les poissons.
Rassurez-vous ! Quelques minutes plus tard, les premières gouttes « ploufent » autour de moi. L’orage arrive, et des trombes d’eau se déversent sur les eaux chaudes de l’étang. Durant 10 minutes, le ciel me tombe sur la tête. A peine la colère terminée, d’épaisses brumes se forment et valsent autour de l’affût. Plus une bouche de poisson à la surface, plus une carpe. L’eau s’est ré oxygénée et mesdames (et messieurs !) peuvent retrouver leur respiration…
Du haut de son chêne, la grande aigrette observe d’un œil alerte cet objet flottant non identifié. Ce soir elle retrouvera la héronnière et tous ses habitants, pour se glisser dans le calme de la nuit.
Là-haut le ciel se déchire. Quelques rayons du soleil percent le couvert pour venir caresser la surface de l’eau. De vagues en vagues, le paysage évolue et dessine au fusain son monde imaginaire…
…Et magnifique.
La nuit s’en est venue. Je rentre le cœur serein, riche d’une nouvelle journée d’observations. Riche d’avoir retrouvé les martins, d’avoir rencontré les carpes, d’avoir voyagé dans les vagues. Heureux !