Le blog de Julien Arbez
14/10/2020
Les cris de la forêt
Avant de vous emmener à l’écoute du brame en forêt, je vous propose de nous arrêter quelques minutes sur les quelques champignons que dessine le sous-bois. Les amanites tue-mouches ont été les premières à sortir.
Leur chapeau rouge ponctué de blanc est bien connu. Mais avez-vous déjà pris la peine de vous coucher pour regarder… sous ce fameux chapeau ?
Salut la vache ! Je continue mon chemin à travers les pâturages et je garde l’œil ouvert, une hermine ou un chevreuil pourraient bientôt me surprendre.
Puis j’entre dans les bois et m’ installe au pied d’un épicéa, les fesses sur un tapis de myrtilles… Je vérifie que le vent me vient de face, fais le silence… d’ici une bonne heure, je devrais entendre bramer les premiers cerfs…
Effectivement au crépuscule, des cris rauques, gutturaux, terrifiants si l’on n’en connaissait pas les auteurs, se rapprochent… Il est là, fier comme un coq, haletant et faisant sortir de son long museau un frais nuage. Ses bois palmés sont magnifiques, ressemblant un peu à ceux d’un renne ou d’un élan.
Il tourne dans le secteur jusqu’à la nuit tombante, prévenant ses voisins qu’une incursion chez lui serait bien malvenue… Je ne connais pas très bien le secteur mais mon intuition a été la bonne. Je reviendrai guetter ici dans les jours qui suivront…
Quelques jours plus tard, les températures ont chuté. Le Haut-Jura s’est habillé de brumes, et même de neige sur les sommets. Le soir, je retourne dans le secteur dans lequel j’avais affûté la dernière fois et décide d’y passer la nuit.
Le lendemain matin, je suis déjà réveillé (j’ai si froid !) lorsque le réveil sonne. Je remets les habits (mouillés !) de la veille et pars à l’affût en forêt. Le paysage est tout blanc, et la neige amortit le bruit de mes pas. L’approche est idéale, et le coup de froid a donné un petit coup de motivation à un premier mâle qui brame généreusement.
Dans mon dos arrive un daguet, tout hébété, l’air indécis, et lorsque je me retourne nos regards se croisent. Il repart à grandes enjambées dans la forêt plaintive.
Les heures passent et en fin de matinée, un beau cerf arrive enfin, seul. Il hume l’air, se frotte vigoureusement les bois contre les troncs de sorbiers qui valsent avec le vent. Monsieur n’a pas l’air d’une tendresse absolue…
Il faut dire que… les biches du secteur lui font faux bond…
Car son voisin est plus fort que lui, beaucoup plus gros aussi, et c’est lui qui a gagné les faveurs de la harde de femelles. Quel gaillard que ce cerf-là ! Je le vois quelques secondes, le temps de prendre leur passage en photo. Mais la rencontre en vaut le détour !
Voilà les quelques images de cerfs que j’ai pu prendre cet automne jusqu’à aujourd’hui. J’ai eu la chance de réaliser mes premières images de brame en temps de neige, et voilà une situation bien peu commune !
Enfin, pour terminer cette virée automnale, je cous propose quelques images du plus grand de nos rapaces diurnes, fraichement revenu dans le jura : l’aigle royal.
Les nombreuses sorties que j’ai pu faire m’ont permis de réaliser des images sans toutefois avoir la chance de la proximité.
J’ai pu observer l’aigle au sol, occupé à « muloter » les campagnols.
J’ai eu la chance aussi de le voir s’ébrouer sous la pluie, régurgiter une pelote ou encore se faire houspiller par les autres rapaces du secteur.
La prochaine étape sera de réaliser des images de plus près, sans appât aucun. Je devrai alors me tenir à carreaux dans ma tente d’affût, immobile et silencieux, durant des heures et des heures en attendant sa venue. Alors peut-être que j’aurai droit à un cadeau.