Le blog de Julien Arbez
22/05/2019
Même si la neige est revenue nous faire une petite visite,
les plantes printanières ne se sont pas découragées pour autant. Timidement, puis de plus en plus fièrement, elles ont dressé leurs corolles dans les pâtures en réveil. C’est un peu trop tard que je suis allé rendre visite aux anémones pulsatiles qui étaient déjà toutes en graines.
Toutes sauf une !
A côté d’elles, les orchis mâles prennent le relais et balancent leur pourpre éclatant sur le vert uni de la colline rocailleuse.
En sous-bois, les hêtres abandonnent les feuilles mortes de la saison passée pour accueillir les nouvelles feuilles pleines de vie des saisons à venir.
Place aux jeunes en quelque sorte !
Dans les branchages qui reprennent leurs couleurs, un oiseau coloré entonne sa plus belle mélodie pour séduire la femelle cachée dans l’arbre voisin. Dans les fourrés qui bordent la colline, de jeunes bruants jaunes verront peut-être le jour à l’abri des regards !
Au sol, les discrètes morilles blondes crèvent le tapis de feuilles entre les aubépines.
Entre les stries ondulées de leurs chapeaux bruns, des milliers de spores s’abandonneront aux vents pour ensemencer le voisinage.
Les sentiers retrouvent leurs odeurs, leurs chants d’oiseaux, parfois même leurs allures de forêt tropicale :
les buis épargnés par le passage de la pyrale l’an passé sont recouverts de mousses offrant refuge à tout un tas d’insectes et d’oiseaux.
Le petit sentier qui mène à la cascade de Vulvoz ne fait pas exception.
Au-dessus de la cascade la petite retenue de l’ancien moulin, les fougères épiphytes ont colonisé les troncs de sapins et d’épicéas. Et voilà que les fougères grimpent aux arbres !
Sur les lacs battus par les vents, les foulques macroules se bagarrent pour la conquête d’un territoire.
Un peu plus tard en soirée, un héron cendré attend le poisson trop peu méfiant pour terminer son repas du soir sur le lac en feu. Une fois de plus la nature nous fait son spectacle !
Quittons le Haut-Jura un instant pour gagner la plaine lémanique. Dans une réserve le long du Rhône, les premières tortues de la matinée se dorent la carapace au soleil pour réchauffer leur corps de plongeur assidu.
L’une d’entre elles ressort tout près de moi, mais un mouvement trop brusque la fait vite replonger dans les mystères de la gravière !
Sur l’autre rive du Rhône, une seconde réserve naturelle accueille quelques aigrettes en pêche. Un poisson fait les frais de l’appétit du héron, alors que quelques semaines plus tôt, crapauds et grenouilles passaient à la casserole.
Le printemps avance, avance inéluctablement.
Les vipères péliades cherchent un partenaire, dansent sur le sol encore frais des tourbières d’altitude.
Le grand hêtre héberge à nouveau un couple de pics noirs. Dans la loge située en hauteur sur le tronc, les jeunes pics attendent sans doute leur pitance. Le film ne finit jamais, l’histoire se répète, mais le décor évolue encore et encore.
A l’heure où le soleil se couche à l’horizon,
Les chalets d’alpage retrouvent un peu de leur mystère. Les grands épicéas des combes englouties par la forêt vont disparaitre dans l’antre de la nuit.
Le blaireau se réveille, les villageois ferment leurs volets.
Bientôt le ciel s’embrasera pour mieux nous embrasser. Rose, rouge puis magenta, il rendra ses couleurs étoiles.
Quelque part au fond d’une forêt préservée, une petite bouille attend à l’entrée de sa loge.
La jeune chouette de tengmalm a passé la journée à jeûner. Elle attend avec impatience le premier nourrissage des parents. Les arbres grincent, le ventre gargouille !
C’est la première fois que je suis une nichée de chouettes de tengmalm. La nuit dernière elles étaient trois à l’entrée de la loge, à me regarder comme on regarde une curiosité.
J’ai tout à apprendre, j’ai la joie de me laisser surprendre.
Par des comportements étonnants, des mouvements de tête incessants, des bruits intrigants.
Petit à petit ma petite expérience grandit et me donnera d’autres clefs de compréhension. D’autres images viendront, sans doute dans le prochain article que je publierai ici !
Pour mieux connaitre la forêt, appréhender mon univers, celui qui est de tous.