Le blog de Julien Arbez
18/02/2021
Le mur aux becs-croisés
Une fois n’est pas coutume, je vous emmène le long du gros Dard pour commencer notre périple. Ici, plus de neige, plus de givre. Mais beaucoup d’humidité et peu de lumière.
Comme de bien entendu le long du chemin, la mousse a investi les troncs et les branches des arbres riverains.
Dans la rivière, un tronc mort porté par là par la crue précédente fait rebondir le courant.
En aval, la cascade des Combes s’en donne à cœur joie, gonflée par la fonte des neiges des sommets environnants. Je vois un peu partout de petits ruisseaux derniers nés, qui disparaitront dès que les trop-pleins seront évacués.
1000 mètres plus haut, l’ambiance est toute autre : la tempête saharienne qui est passée la semaine dernière avait coloré les sommets enneigés de touches ocres. Voilà le sable qui réapparait après le souffle du vent.
D’autres sommets sont restés blancs, mais le sable est là, coincé entre deux couches de neige !
Les matinées encore froides permettent un premier départ en vacances avant même de mettre le pied en forêt : sur les vitres de la voiture, le givre fait son effet !
Aux quatre coins des Hautes-Combes, mes affûts en neige se portent bien. Comme c’est confortable de n’avoir à apporter que son trépied et son appareil photo, sans se poser la question de la tenue des filets de camouflage !
Quelques coups de pelles dans un endroit propice aux observations, un filet en option, et c’est tout ! Elle est pas belle la vie ?
Février, c’est la période de rut chez le renard.
Moins farouche et nocturne qu’à l’accoutumée, il se promène dans les prés la journée en bondissant de temps à autre sur un malheureux campagnol.
Le lièvre du secteur connait sans doute son voisin prédateur ! Mais ça ne l’empêche pas de fréquenter les mêmes prés, les mêmes forêts, en gardant l’alerte grâce à ses deux paraboles et ses grands yeux globuleux.
La neige s’est tassée, marcher ou bondir en forêt n’est plus un supplice. Rien à voir avec les conditions météo de la semaine dernière !
Les chamois ont retrouvé le sourire (et leur promontoire !),
Et sur la falaise calcaire chantent les hiboux grands-ducs qui s’y retrouvent à grands renforts de cris et de chants amoureux.
Malgré les nombreux affûts répétés, je ne parviens pas à faire des images qui me plaisent vraiment. Tant pis pour le manque de proximité, je privilégie leur quiétude. Qui sait, peut-être que de jeunes hiboux verront le jour ici ce printemps !
Et enfin, je vous emmène en lisière de forêt, près d’une maison de pierres endormie comme une maison abandonnée.
Chaque matin, à intervalles réguliers, accourent des becs-croisés qui viennent s’accrocher sur les murs entre porte et fenêtres.
Ils viennent y chercher du salpêtre, dans lequel ils trouveront les minéraux nécessaires à leur ossification et à leur équilibre alimentaire. Pour manger équilibré, mangez du mortier !
Voilà comment les becs-croisés des sapins, virtuoses des cimes, se transforment en becs-croisés des façades.
Et maintenant c’est drôle, cette maison me plait plus qu’avant !