Le blog de Julien Arbez
25/06/2020
Le grand jour
Mettez les chaussures, on repart dans le Risoux pour les dernières observations de la nidification des chouettes chevêchettes.
Comme depuis trois semaines environ, la femelle reste dans les parages et continue de ravitailler les enfants en oiseaux et rongeurs de tous genres.
Dans la loge, les jeunes qui ont bien grandi se montrent presque tout le temps, poussant de longs cris aigus pour quémander leur pitance.
Toutes les heures ou toutes les deux heures, la femelle vient à leur rencontre, une proie dans les serres. Dès qu’elle se pose à l’entrée de la cavité, elle disparait en un éclair à l’intérieur.
Les apports de proies sont plus difficiles à photographier que ce que je pensais. D’abord parce que les conditions de lumières ne sont pas toujours optimales, ensuite car la femelle se pose parfois trop loin ou derrière des branchages épais.
J’imagine les jeunes surexcités et la femelle qui donne sa part à tout le monde !
Lorsque les bonnes conditions sont réunies, c’est un vrai plaisir de pouvoir observer et photographier ces scènes peu communes et captivantes !
23 Juin. J’arrive au petit matin, pour la 15eme fois depuis cet hiver, à la loge. La femelle est perchée assez bas et reste statique. Je profite de la présence du soleil à l’arrière plan pour quelques images oniriques.
J’entends un sifflement, mais qui ne vient pas de la direction de la loge. Je me retourne et cherche dans les branchages près de moi. Un jeune est sorti ce matin avant mon arrivée, et se repose sur une branche d’alisier. Un second jeune se hisse à la sortie de la loge, fait quelques faux départs puis se lance pour le grand saut. Mais l’expérience manquant, il se retrouve au sol parmi les buissons d’airelles et de myrtilles.
Bien vite, il se dirige à pied vers l’arbre le plus proche et entame une escalade à la force des pattes, soutenu par quelques cous d’ailes frénétiques. C’est fou la force qu’il peut avoir ! Je n’en reviens pas de la vitesse de son ascension.
Puis il s’envole à nouveau pour gagner un autre tronc sur lequel il lui sera difficile de garder son équilibre.
La femelle le rejoint, comme pour l’encourager, puis repart aussitôt pour la grande canopée. Le deuxième jeune est sorti !
Depuis la cavité, j’entends encore des cris plaintifs. Il y a donc encore au moins un jeune ! Le troisième n’aura pas plus de chances que le précédent : Celui-là n’ose pas se lancer et tente une sortie en restant agrippé au tronc. Mais le voilà qui tombe…
et essaie tant bien que mal de remonter et regagner la loge qu’il ne parviendra pas à atteindre. D’arbustes en arbres plus importants, il parviendra à se réfugier sur des branches hautes pour entamer un brin de toilette, et une petite sieste !
La loge est encore témoin de cris d’appel. Mais la femelle, ce matin, ne revient pas au nid. Pas le choix, le quatrième jeune (le dernier ?) devra sortir. Il est 14h45. Je dois filer, je n’aurai pas la chance de voir son premier vol. Mais je le retrouverai sans doute dans quelques jours dans les environs, car les adultes vont continuer de nourrir les bambins.
Le lendemain, la loge est vide et silencieuse. Dans les cimes environnantes, les jeunes éparpillés lancent de brefs cris. Ils sont hauts placés, et ne permettent pas de faire des images. Après 4 heures d’observation et trois nouveaux nourrissages, je replis mon trépied, range l’appareil dans mon sac à dos. Un chapeau sur la tête, je quitte les lieux en me retournant une dernière fois pour dire au-revoir et bonne chance à la petite famille.
Après 4 mois de visites, j’ai un petit pincement au coeur. Le film, pour cette année, est terminé.