Le blog de Julien Arbez
17/09/2021
La tournée des grands ducs
Nous sommes à la mi-mai. Sur la falaise qui commence tout doucement à se teinter de bleu, les chamois font glisser les pierres qui trahissent leur présence.
Depuis mon affût-tente, j’observe au-dessus de la roche un autre chamois marcher tranquillement dans le jour qui se lève.
Mais je ne suis pas là pour les chamois. Je suis là pour les grands ducs ! Ce matin, le plus grands des hiboux du monde s’est posé sur une cime d’épicéa à une quarantaine de mètres de moi. Ca y est. Mon cœur s’emballe, mes mains tremblent. Toi que j’ai tant attendu, te voilà !
Le couple de hiboux grands-ducs s’est reproduit cette année sur une grande falaise calcaire du haut-Jura. J’ai entendu une nuit les cris caractéristiques du jeune qui appelait pour avoir sa part de gâteau. Trois ans que j’attendais ça. Cette année, je vais me régaler !
D’abord, guette de loin pour tenter d’identifier les perchoirs et lardoirs des prédateurs. Puis localiser le jeune à l’origine de ces cris. C’est là que je me rends compte que le jeune est déjà grand et qu’il vole sans problème ! J’ai manqué un épisode, e veux connaitre la suite à défaut de connaitre le début !
Ce soir, je remarque enfin le jeune entre deux strates calcaires, grâce à la femelle qui vient le rejoindre à la tombée de la nuit. Il semble tout molletonné ! Tout en duvet, d’un jaune pâle, il se trémousse sans cesse si bien que j’en ai du mal à faire une image nette ! Jours après jours, j’enchaîne les affûts, tantôt le matin et tantôt le soir, de préférence les jours au ciel clair pour avoir suffisamment de lumière pour les prises de vues.
Je varie ma position, je change d’angles, pour tenter d’avoir une diversité d’images représentatives des comportements observés et des corniches et arbres morts utilisés.
Un matin, alors que le soleil est levé, je suis témoin d’une scène étonnante : Un chamois approche le jeune grand duc qui se met à claquer du bec très bruyamment, de peur. Aussitôt, la femelle grand-duc hulule et débarque à deux pas du jeune, se pose sur la roche bien en évidence.
Pour sûr elle se méfie du chamois en question ! mais on n’a jamais vu de chamois manger de hibou ? pourquoi ce comportement ? Peut-être que les chamois se méfient de grands-ducs qui pourraient éventuellement prédater les tous jeunes chevreaux ?
Quelques jours plus tard, je suis témoin d’une scène assez semblable : Un chamois approche du jeune grand duc qui se met à crier. La femelle le rejoint aussitôt, se pose au sol entre le chamois et le jeune hibou. C’est alors que le chamois charge le grand-duc adulte qui s’envole et se pose à une cinquantaine de mètres pour continuer à observer l scène. Finalement, le chamois passera son chemin sans intimider davantage le rapace. Mais quelles observations !
Pour le reste, je vous laisse vous imprégner de l’ambiance crépusculaire d’une falaise qui s’endort et se réveille. J’ai manqué beaucoup d’images à cause du manque de lumières, notamment deux images de transport de proies, dont un moyen-duc dépecé devant mes yeux sur un lardoir à 15 mètres de haut !
Bon visionnage et belle balade dans l’univers du charismatique hibou grand-duc.