Le blog de Julien Arbez
01/07/2017
Hermaphrodites
Il est 5h45. La brume navigue au-dessus des maisons de la vallée de l’Orbe. Les épicéas apparaissent, disparaissent, réapparaissent. Encore une journée qui s’annonce ensoleillée !
Au lever du soleil, le massif du Noirmont est encore dans la fraicheur. Aux Grands Plats de Bise, les fermes d’alpage qui parsèment le paysage semblent avoir toujours été là. Et pourtant !
Les premiers rayons du soleil viennent enfin balayer les vallons verts, faisant naitre les ombres et disparaitre la rosée.
Dans le sous-bois, les feuilles se remettent à la photosynthèse dans les chants des grives et des merles. Un troglodyte chante à gorge déployée dans ce domaine qu’il a décrète comme étant le sien. Quelques rares fourmis ont commencé à s’agiter sur le dôme de la fourmilière, qui deviendra vite le théâtre d’une incroyable circulation.
Le long du sentier qui emmène le randonneur entre vallons et forêts, de grandes fleurs s’épanouissent entre les gentianes jaunes bientôt ouvertes.
Ce sont les ancolies noirâtres, des plantes protégées des prairies montagnardes qui poussent sur des sols calcaires.
Plus loin, ce sont les lis martagons qui nous font honneur de leur présence. Aujourd’hui protégées (en Suisse comme dans le département du Jura), ces plantes faisaient autrefois l’objet de récolte pour leur bulbe comestible et sucré en période de disette.
Grâce à la littérature, j’ai même appris aujourd’hui que le lys martagon était connu sous le nom de « racine d’or », sobriquet qui fait référence à son oignon jaune d’or.
Au fur et à mesure que les pieds se posent dans les herbes folles, sautent les cicadelles, les sauterelles et les criquets, et s’envolent les papillons.
Parmi eux, le nacré de la sanguisorbe affectionne les prés humides et les tourbières. Ses plantes hôtes sont principalement la reine-des-prés et bien sûr… la sanguisorbe, aussi appelée pimprenelle.
Les nacrés partagent le même espace avec d’autres papillons plus colorés les uns que les autres, qui nous font de belles surprises en dévoilant au repos la face supérieure de leurs ailes. Je pense à toutes ces chenilles qui habitent la végétation et à côté desquelles nous passons sans nous douter de leur présence. Il y a tant de choses à observer qui échappent encore à notre regard !
Rendons-nous au lac de Lamoura pour la fin de journée, pris d’assaut par les baigneurs et les pétanqueurs à la recherche d’un brin de fraicheur.
De jeunes colverts accompagnent leur mère sur les rives de bouées et de serviettes. Des fois qu’un baigneur aurait laissé traîner quelques tomates d’une salade composée ! Ce soir rien à se mettre sous le bec. Voilà les 11 cannetons qui s’en retournent à l’eau à la que leu-leu. Ce n’est pas grave, il y aura bien à manger dans les nénuphars !
La suite de la musique, c’est une ombre qui grandit, une route qui retrouve le silence, une musique qui va laisser sa place à une autre.
Amies les chouettes c’est à vous. Réveillez-vous !