Le blog de Julien Arbez
20/11/2017
Escarperies
Je vous emmène cette semaine-ci sur les falaises calcaires. Mes deux invités d’honneur, vous l’aurez compris dans mon dernier article, sont le tichodrome échelette et le chamois.
Après 14 affûts représentant une quarantaine d’heures, je ne suis toujours pas parvenu à faire cette photo extraordinaire qui fait rêver ! Eh non ! Mais j’ai fait quelques belles observations de proximité sur deux falaises jurassiennes éloignées l’une de l’autre d’une quinzaine de kilomètres.
Parmi ces rencontres, l’une d’entre elles m’a permis de rencontrer l’oiseau papillon à quelques trois mètres de moi pendant près d’une minute !
Une rencontre magique qu’il a été difficile d’immortaliser tant l’oiseau à la gigote ! Pas plus gros qu’un moineau, sans cesse en mouvement, parfaitement imprévisible, très électrique, le tichodrome n’est pas un sujet facile.
D’autant que la configuration des sites ne me permet pas d’être à mon aise : terrains en pente, glaçons qui chutent, cailloux qui dégringolent. Les affûts au tichodrome ne sont pas de tout repos.
Combien d’images loupées d’un dixième de seconde ou de mises au pont faites 5 cm devant l’oiseau ? Peu importe, je l’ai vu chasser des mouches, bequeter des araignées au fond de leurs toiles, faire un brin de toilette, et bien sûr visiter fissures et cavités.
J’ai appris à reconnaitre les lieux de passage réguliers, les horaires (aléatoires tout de même !), et à me camoufler dans cet univers minéral.
J’ai acquis de belles connaissances de terrain que je mettrai à profit pour les prochaines séances photos. Et un jour peut-être je ferai cette photo qui fait rêver, dresser les poils sur les bras, ce rêve accompli. Mais il reste encore sans doute quelques heures à patienter !
Comme les oiseaux, ciel et nuages ont apporté leurs lots de surprises. Le paysage a blanchi, les brumes ont ouvert quelques fenêtres sur la vallée, dévoilant villages et routes sinueuses.
Puis le soleil a pris sa revanche, offert ses rayons au randonneur, aux mésanges en maraude et aux sculptures de glace éphémères. Les chamois ont ressorti leurs plus belles sérénades devant les yeux ébahis de la relève à venir.
En ces temps de traques amoureuses, chacun semble dans son monde : tandis que les femelles font preuve apparente d’indifférence aux assauts répétés des mâles énervés, ces derniers dressent l’échine et forcent à la soumission les jeunes mâles concurrents.
Les apparentes grimaces de ces messieurs sont un moyen efficace de reconnaitre les chèvres en chaleur.
Les phéromones de l’amour sont captées par l’organe de Jackobson situé au fond du palais, qui envoie au cerveau la marche à suivre : s’accoupler ou patienter.
Ces deux dernières sorties m’ont permis de photographier quelques belles attitudes, sans toutefois parvenir à observer un accouplement. Mais le temps des amours n’est pas terminé, et moi-même n’ai pas tiré ma révérence !