Le blog de Julien Arbez
11/12/2017
En bleu et blanc
Depuis quelques jours la neige est bien tombée sur le Haut-Jura. Mais à l’heure où j’écris ces lignes, elle est en train de disparaitre !
La sittelle torchepot joue les équilibristes sur une branche basse en lisière forestière. « Des graines ! Des graines ! » semble t’elle supplier.
Une discrète mésange nonnette semble perdue dans l’immensité blanche de la forêt. Elle aussi doit se ravitailler pour lutter contre le froid. Les samares d’érables et les faines sont recouvertes d’un épais manteau neigeux.
Sa cousine la bien nommée mésange huppée est en plein remue-ménage. On l’entend se manifester dans les branches des épicéas où elle extirpe les graines des pommes de pin matures.
En contrebas du petit bois, un pic vert est venu se percher sur la falaise. Il vient sans doute y dénicher quelques insectes engourdis. Là au moins, la neige ne tient pas !
Sur la même falaise, le tichodrome échelette poursuit ses ascensions dans la plus grande discrétion. Comme chaque jour ou presque, il revisite les mêmes fissures, les mêmes cavités.
Son passage éclair à quelques mètres m’incite à poursuivre mes affûts pour cette saison hivernale. Les heures à attendre au sommet et au pied de la falaise seront encore nombreuses !
Les chevreuils se sont réfugiés dans le sous-bois, et fréquentent de plus en plus les parcelles en régénérescence. Ici, les branches sont tendres et les nombreux bourgeons sont accessibles pour faire passer les mauvais jours.
Le renard emprunte les sentiers tracés par les randonneurs à raquettes pour économiser son énergie lors de ses déplacements. Avec un peu de chance, il y trouvera un reste de barre chocolatée ou de sandwiche jambon-beurre.
Dans les recoins de clairière restés à l’ombre, des cristaux de givre se font formés sur les moindres vestiges de végétation. Plus de doute, l’hiver est arrivé.
Devant moi ce soir, le ciel est saisissant : les arbres enneigés déchirent les brumes de leurs cimes pointues.
Puis les brumes s’estompent et le soleil fait son apparition sur la crête boisée. Quelques derniers rayons offerts à la journée viennent réchauffer les couleurs.
Dans le faisceau de lumière qui parvient jusqu’à moi, de fins cristaux de givre flottent dans l’air. Fééries de l’hiver !
Les heures ont passé et il est désormais 23h. Le village de Bellecombe apparait tellement lumineux sous la pleine lune ! Tout est calme, très calme. Le silence est à peine brisé par le camion de lait qui fait sa tournée.
Au-dessus de ma tête, les nuages filent vers le sud. Curieusement il ne fait pas trop froid cette nuit.
Un dernier arrêt s’impose sur la route des Moussières avant de rentrer me cacher sous la couette. Dans les gorges du Flumen serpentent les lacets de Septmoncel, avant de plonger au pays des lampadaires, dans la mer de brouillard orangée de St Claude.
La plupart des gens dorment à poing fermé. Je vis un moment privilégié. Ce soir, je dormirai bien.