Le blog de Julien Arbez

Du Jura au Léman

Ca y est. On peut suivre à la trace le chevreuil, l’écureuil ou l’hermine. Le randonneur et son chien, le skieur et ses bâtons. Tiens, ici le renard a muloté, puis s’en est allé dans cette direction. Ici c’est sans doute une corneille qui est venu marcher sur le bord de route. On voit les traces du bout de ses ailes à l’envol. L’hiver est un livre. A nous de l’ouvrir.

Ici c’est le givre et le grésil qui ont laissé leurs empreintes. Chacun y va de sa patte, habillant Novembre de quelques frissons.

A la Pesse, le lac de l’Embouteilleux est presque entièrement recouvert de glace. En quelques endroits, l’eau encore libre reflète les cimes sombres des épicéas. Sur les bords du lac patientent deux hérons, en attente de poissons frais. Ils s’envoleront pour se brancher un peu plus loin, en attendant que l’on passe notre chemin...

Sur un mélèze des abords d’une vielle ferme ont "fleuri" 1000 étoiles vertes. Ce lichens arboricole, comme tous els autres lichens, n’est rien d’autre qu’une association entre d’algue avec un champignon. Quelle drôle de planète nous habitons !

Le soir venu, le froid commence à me pincer le bout du nez. Il va falloir réapprendre à s’habituer ! Les brumes recouvrent tranquillemnt les hautes-Combes, en commençant minutieusement par le fond des vallons rafraichis. 

Aux Moussières, les fermes du fond des combes sont déjà noyées dans le brouillard tandis que résisitent celles des crêtes. Le ciel rosit, puis rougit, puis s’abandonne à la nuit.

Les chamois vont se reposer, les chouettes vont s’éveiller. Et c’est reparti pour un tour. De magie, de passe-passe, d’horizon. 

Quittons le Haut-Jura pour nous rendre sur les bords du lac Léman. Direction Vevey. Coincée entre lac et montagnes, la ville offre un panorama grandiose sur les montagnes avoisinantes. Sous mes pieds j’entends le clapotis des vagues qui viennent mourir cotre la digue bétonnée du port de plaisance. Au-dessus de ma tête crient les mouettes et les goélands. Au loin, un bateau de pêche rentre à demeure. C’est sûr, je suis bien sur le Léman.

Un héron cendré s’est invité à la réunion des mouettes sur la jetée. C’est qu’ils semblent se connaitre ! Les mouettes ont beau remuer des ailes et de la queue, crier leur révolte ou sautiller d’énèrvement, rien ne semble atérer la quiétude du héron. A peine un coup d’oeil de temps en temps. Pas sur les mouettes, mais sur le photographe qui s’avance mine de rien !

J’approche trop près, et c’est l’envol. Monsieur est-il en pleine digestion ? Monsieur serait-il un brin fainéant ? Monsieur a t’il tout simplement repéré pitance à deux pas d’ici ? Je n’en sais rien, mais le voilà qui réatterrit  à deux encablures d’ici, sur l’un des pontons. Comme ces couleurs lui vont bien !

Dans l’océan des rondeurs déambulent quelques fuligules morillons, coiffés au pétard, l’oeil doré et les flancs pâles. Le petit groupe longe a digue pour rejoindre quelques harles et canards colverts. Je ne m’inviterai pas à cette réunion. Non pas que je n’ose pas, non ! Mais parce que l’envie me vient de photographier le ciel. Dans l’eau.

Quelques arbres dénudés, quelques vaguelettes, un ciel sombre... et la magie opère !

Ciel, Oiseaux, relief, tous semblent m’inviter à la danse. J’aime ce matin serein. J’aime les envols, les montagnes au toit enneigé, les mouettes tapageuses, le vol puissant des goélands. J’aime cette petite mer intérieur et son ambiance mêlée de sauvageries et d’esprits citadins. Sont-ils contraste ou harmonie ? 

Avant de quitter ce monde de paradoxes, je fais un dernier détour. Jusqu’à ce petit bosquet de lauriers pris d’assaut par les moineaux. En arrière des arbustes, les platanes encore garnis de leurs feuilles jaunies par l’automne s’offrent en toile de fond à mes images. Les moineaux sont magnifiés, et le beau redevient commun.

Surtout n’oublions pas ! Chaque fenêtre donne sur le monde. Regardons dedans, puis dehors !