Le blog de Julien Arbez

23/04/2017

Diversité

Bien le bonjour amis du dehors, je vous invite à commencer notre balade nature dans une hêtraie de pente. Une forêt habitée par un plantigrade mystérieux, à l’allure bonhomme et tranquille : le blaireau.

blaireau en forêt dans le jura

Rares sont les rencontres en journée avec ce mustélidé, cousin des fouines et des belettes : pour cause, son mode de vie nocturne et crépusculaire qui rend difficiles les rencontres. Mais aujourd’hui, et depuis maintenant trois jours, l’animal a quitté son terrier au coucher du soleil et parcourt le sol forestier à la recherche de nourriture.

blaireau en forêt dans le jura

Le blaireau n’est pas difficile : omnivore, il s’accommode aussi bien de vers de terre (dont il est un fervent consommateur : un  adulte peut en ingurgiter annuellement près de 100kg), de plantes que de charognes trouvées à l’occasion. Le voilà qui descend la pente forte et rocailleuse, dans le bruit des feuilles mortes piétinées. Puis il fouille énergiquement la litière forestière, sans doute excité par l’odeur omniprésente des campagnols roux très nombreux cette année.

blaireau en forêt dans le jura

Quelques mètres désormais nous séparent. Camouflé sous mon affût installé pour l’occasion, je sais que sa vue est assez mauvaise. Mais je sais aussi que son odorat défie toute concurrence ! Un vent légèrement tournant apporte mon odeur à son museau. Il dresse la tête, hume, et s’éloigne. Je devrai attendre le vent d’ouest si je veux espérer le revoir !

blaireau en forêt dans le jura

Place maintenant et comme chaque année au balai des grenouilles rousses, tout fraichement sorties de leur hibernation.  Ici à 1300m d’altitude, des plaques de neige subsistent en forêt, mais la mare est déjà bien agitée. Couché sur ses abords, silencieux, j’attends que les grenouilles réapparaissent à sa surface.

grenouille rousse jura

C’est le temps des amours, des chants et des batifolages. Les mâles chantent à qui mieux mieux, espérant amadouer la femelle qui passera dans les environs. Croâ ? Croâ !

grenouille rousse jura

grenouille rousse jura

grenouille rousse jura

La saison de reproduction est aussi bien entamée pour les jonquilles des Hautes-Combes :

jonquilles jura

Tous pétales ouverts, la corolle ensoleillée, ces dames espèrent la visite d’un insecte gourmand qui leur permettra de perpétuer ce spectacle coloré.

jonquilles jura

Les crocus sont de la partie, apportant quelques touches de blanc et de mauve aux prairies réveillées.

crocus jura

D’autres plantes à bulbe, les scilles à deux feuilles, ponctuent de bleu les lisières et les rocailles. Elles sont très nombreuses dans cet alpage du Creux du Croue, et certaines sont déjà passées entre les dents des chamois du secteur !

scille a deux feuilles

A leurs côtés, quelques subtiles gagées jaunes se font remarquer. Par qui veut bien observer là où il met les pieds ! Car cette plante est toute petite, et le randonneur a vite fait de traverser la prairie sans les entrevoir.

gagée jaune et scilles

Beaucoup moins répandues et pas moins savoureuses pour autant, les erythrones dents-de-chien dévoilent leur corolle. Cette plante protégée en Franche-Comté doit son nom aux taches rouges qui ornent ses feuilles (« eruthros » : rouge) et à son bulbe blanc en forme de dent de chien.

erythrone dent de chien jura

Comme le cyclamen avec lequel elle partage quelques traits de ressemblance, elle compte sur les fourmis pour disséminer ses lourdes graines qui tomberont très près du pied. Les fourmis, à leur façon, jardinent elles aussi !

erythrone dent de chien jura

Ces prairies en pleine renaissance attirent tout un petit monde à plumes et à poils, et certains animaux y ont même élus domicile. C’est le cas pour cette hermine qui bondit chaque après-midi aux alentours du chalet d’alpage.

hermine et crocus

Mais l’hiver n’a pas dit son dernier mot, Avril abdique sous l’insistance des nuages et du froid.

hermine pelage d’été jura

héron cendré montagne

Le temps d’une journée, quelques flocons nous rappellent que l’hiver n’est pas loin derrière nous, malgré le chant du coucou et des grenouilles en délire.

neige printemps

neige printemps

crocus dans la neige

Les becs-croisés sont toujours dans le secteur, et les jeunes nés cette année ont bien grandis. Trahis par leur robe orangée, certains comptent encore sur leurs parents pour mettre les pieds sous la table…

bec croisé des sapins jura

C’est de saison ! Sur la Bienne comme sur toutes les rivières du Massif, les cincles plongeurs s’affairent eux aussi au nourrissage des jeunes. Malheureusement pour moi il est déjà tard pour se mettre à l’affût : il ne reste plus qu’un jeune au nid caché derrière la cascade. J’improvise une cachette sous mon filet de camouflage que je laisse sur place pour que les oiseaux s’habituent.

cincle plongeur jura

cincle plongeur jura

Le lendemain, je n’y trouve plus personne. Les parents passent au-dessus de l’écluse sans s’arrêter. Les jeunes volent désormais de leurs propres ailes et quémanderont leur pitance aux quatre coins de la rivière !

cincle plongeur jura

Gardons l’aile légère et prenons connaissance de notre nouvelle star : le grimpereau des bois. Une seule image pour ce mois-ci, de ce petit oiseau escaladeur de troncs. A l’occasion d’un affût à la gélinotte, j’ai eu la chance de découvrir un couple en train de construire un nid derrière les écorces-papyrus d’un érable plane. Les filets de camouflage sont installés, les affûts se succéderont d’ici quelques jours ! A suivre dans le prochain article…

grimpereau des bois nidification jura

Et puisque c’est la saison des nids, allons-y franchement ! Vous vous rappelez sas doute du couple de pics noirs que j’avais suivi l’an dernier jusqu’à l’envol des jeunes. Cette année, les oiseaux ont réinvesti la même cavité. Après prospection dans les bois d’altitude, deux autres loges habitées ont été trouvées, dont l’une tout près du terrier de blaireau présenté plus haut !

pic noir reproduction jura

Une aubaine, une joie, une belle récompense. Une nouvelle fois je suis témoin de la vie trépidante de nos voisins les animaux, ce printemps est décidément fructueux pour l’apprentissage sur le terrain et la photo nature !

pic noir reproduction jura

pic noir reproduction jura

Je vous quitte avec quelques images de cerfs en gagnage à la tombée de la nuit, à Lajoux. Les biches accompagnées des jeunes de l’année précédente se sont regroupées, tandis que les mâles font bande à part. C’est que ce n’est pas facile d’assumer ces petits bois qui commencent à peine à repousser ! Je dis ça…

biche et son jeune jura

cerfs contre-jour clair obscur

cerfs contre-jour clair obscur

Et rendez-vous en Mai pour voir ce qu’il nous plait !