Le blog de Julien Arbez
02/12/2020
Flâneries
Ce soir je suis venu m’installer à l’affût au fond de la combe, mais je n’ai rien vu. Ah si ! La lune merveilleusement lumineuse est venue me saluer avant que je plie bagage.
Voilà qui m’a donné quelques idées et envies. Je tourne autour des arbres, cherche des ombres chinoises. Trouvée l’araignée !
Le lendemain matin, les brumes rendent opaque la forêt. Puis elles se dissipent, laissant place à un soleil vigoureux.
Au-dessus de la falaise tournoie un épervier, venu sans doute guetter les grives et les mésanges qui piaillent sous les grands hêtres en contre-bas.
Si j’avais été en tente, il se serait peut-être posé sur l’arbuste juste devant moi !
24 heures passent. Après une nuit fraiche et brumeuse, le jour pointe à nouveau son museau. Difficilement, accablé par le lourd nuage encore pesant. Au sol les herbes sont givrées, comme les branches et les fils électriques le long des routes.
Le givre a fait quelques pas en forêt pour blanchir souches et arbustes. Mais seulement en lisière !
Le lac de Lamoura sera bientôt entièrement gelé. A sa surface, quelques formes géométriques apparaissent, scintillantes dans les rayons verticaux.
En haut du massif, les épicéas se préparent à l’hiver. Je suis sûr qu’ils le voient arriver. Ils le savent. Ils connaissent l’hiver autant que l’hiver les connait.
Au petit matin, je fais une belle rencontre avec un grand-tétras (c’est l’année du tétras pour moi !!!) qui fouille du bec la litière forestière. Il y trouve quelques baies tombées au sol, et grignote des feuilles de myrtilles encore accrochées à leurs rameaux.
Les jours passent et les températures continuent doucement leur chute. Les matins rosés se font frisquets, le bonnet est de mise !
Les grives, dont plusieurs milliers d’entre elles arrivent tout juste du Nord de l’Europe, prennent d’assaut les alisiers et les sorbiers. Quel vacarme !
Au sol, les pinsons du Nord, venus… du Nord ! tiennent compagnie aux pinsons des arbres résidents à l’année. Celui-ci a dégotté une belle faîne dans les 5 cm de neige fraichement tombée.
Les chevaux cabriolent, se mordillent, courent en faisant sauter la neige sous leurs sabots.
Est-ce l’excitation pour un hiver qui ne fait que commencer ?
Les chamois regagnent la falaise pour y chercher des plantes encore vertes,
Les houppiers des grands hêtres leur faisant un parasol étoilé.
Deux heures plus tard arrive enfin le tichodrome tant attendu. Voilà presque deux semaines que je ne l’avais pas revu, malgré plusieurs affûts qui sont restés infructueux.
Je suis heureux et rassuré de le retrouver aujourd’hui !
Et rebelotte : vas-y que je grimpe, vas-y que je fouille dans les crevasses, vas-y que je m’envole pour remonter aussitôt. Je ne m’en lasse pas. Sinon je ne serais pas là à l’attendre les fesses dans la neige !
La nuit tombée, le clair de lune m’invite à percer ses mystères. Je chausse les bottes, prends le trépied, l’appareil, un bonnet, des gants que je fais chauffer sous le pare-brise, ventilation à fond, en allant aux Roches d’Orvaz.
Il est 21h30. Le paysage est sublime. Après une petite marche, j’arrive sur les roches ou le paysage se dévoile en silence. J’erre, je guette, j’écoute hululer la chouette.
Je suis bien. Je me promène en cherchant la branche qui scintille, une vision en sous-bois, une trace animale filant dans la neige pour disparaitre à l’ombre de la lisière.
Ce soir, je n’ai pas trop eu froid. Il est 1h30 quand je rentre à la maison. J’ai eu du mal à me motiver à sortir, maintenant j’ai du mal à rentrer !