Le blog de Julien Arbez

De tout pour faire un monde

Tombée du ciel, qu’elle fait du bien cette pluie de mars ! Le Jura va enfin retrouver des couleurs.

D’ailleurs ça a déjà commencé : les saules exhibent leurs chatons blancs et jaunes,

Les chevreuils profitent de la verdure revenue dans un repas entre copains.

Dans les lacs du haut-Jura, les températures plus douces ont réveillé les grenouilles.

Il me semble qu’elles sont beaucoup moins nombreuses cette année, sans doute à cause d’un printemps un peu trop frais…

Espérons que les canicules à répétition n’aient pas raison d’elles dans les années à venir.

C’est un plaisir de les retrouver chaque printemps. Elles annoncent le retour des oiseaux migrateurs, le chant providentiel du coucou, la sortie des morilles.

Elles annoncent la vie à grands coups de coassements et de galipettes aquatiques. 

Les rivières profitent des pluies successives pour reprendre du poids,

Sous l’œil acéré du couple de cincles plongeurs qui a élu domicile sous la cascade.

Beaucoup plus haut, dans les forêts d’épicéas qui donnent au jura son caractère, d’autres oiseaux se mettent en quête d’un partenaire :

Les pics vert, cendré, noir, épeiche s’en donnent à cœur joie. Celui que je cherche est petit, à peine plus léger qu’un pic épeiche, mais surtout beaucoup plus rare et discret : le pic tridactyle, cette espèces circompolaire qui fait se déplacer des meutes de photographes dans l’Est de la France.

Trois jours de prospection m’ont permis de le rencontrer à deux reprises. Une chance !

C’est toujours un grand moment de voir et d’écouter tambouriner ce pic fort peu farouche. Agrippé aux écorces des arbres morts ou malades, il escalade puis redescend les troncs par petits sauts, le bec pointant vers les scolytes qui font leurs galeries sous les écorces.

Ce matin du 7 avril, je fais une observation exceptionnelle : Un mâle rejoint une femelle sur une grande chandelle d’épicéa, ils se jaugent, se tournent un peu autour comme ils tournent autour du tronc. Je ne sais pas si je suis en présence d’un couple ou de deux individus aux territoires voisins.

Après quelques discussions à voix basse, les deux oiseaux semblent se voler dans les plumes à grands cris. Le mâle disparait dans le sous-bois, la femelle reste sur son arbre immobile un moment, avant de se remettre en quête de nourriture.

Le lendemain, presque au même endroit, je suis attiré par le bruit du tambourinage. Bingo ! je retombe dessus. Sauf que cette fois, ils sont trois ! trois pics tridactyles sur deux arbres voisins, semblant désintéressés parfaitement les uns des autres.

Trois pics tridactyles adultes en même temps, je peux jouer au loto !

Je termine cet article avec quelques images de reptiles photographiés le long du Rhône, dans le canton de Genève. Un endroit accueillant pour tout un tas de serpents et de lézards, plus invisibles les uns que les autres.

A commencer par deux belles couleuvres vertes et jaunes, sorties sur des pierres pour se réchauffer à la faveur des quelques éclaircies.

Craintives, toutes deux disparaissent à ma vue, avant de ressortir quelques minutes plus tard. Je suis en place, immobile, appareil en main, clic ! clic ! Ce sont mes premiers serpents de l’année. Ca se fête !

Après avoir rencontré tortues et couleuvres (pas de vipères cette fois-ci), retour dans le Haut-Jura pour voir fleurir les dernières anémones pulsatiles. Les vaches sont sorties, les morilleurs aussi.

C’est le printemps vous dis-je !