Le blog de Julien Arbez

De rouge et de blanc

Commençons cet article par quelques bonds dans les branches pour suivre un écureuil. Oui, ça commence sur les chapeaux de roux ! Pourquoi Monsieur a-t-il une bouchée de mousse entre les dents ?

 J’imagine que c’est pour rafistoler ou confectionner un nid. Lui seul le sait. Et c’est tant mieux !

A deux pas de là, un oiseau papillonne sur la falaise qui lui sert de garde-manger. Le tichodrome échelette escalade les roches à la recherche d’insectes et d ‘araignées.

Très difficile à photographier en ce lieu, je parviendrai tout de même à réaliser quelques clichés lors de rencontres qui, à chaque fois, durent moins de 5 secondes… pour trois ou quatre heures d’attente !

Autant vous dire que le tichodrome me donne du fil à retordre. Mais je n’abandonnerai pas !

Beaucoup plus faciles à observer et à photographier, les chamois ont joué les stars devant mon téléobjectif. Une fois n’est pas coutume, c’est la saison de reproduction et les adultes (surtout les mâles !) ont tendance à en oublier un peu les alentours, obnubilés par les femelles de la harde.

Il semble encore un peu tôt pour observer de belles scènes de rut comme des corse-poursuites, ou mieux encore des accouplements. Mais le ciel couvert adoucit les ombres et le paysage se prête bien à la photo.

Entre bois et pâturages, je déambule doucement, les yeux écarquillés et l’oreille en alerte, à la recherche des cornus. Ils sont nombreux et placides, si bien que je peux les approcher d’assez près sans qu’ils me fuient.

C’est la quatrième année de suite que je viens ici pour les photographier pendant la saison de reproduction. Mais je ne m’en lasse pas pour autant. Et ce n’est pas la dernière !

L’automne est la saison des belles lumières. J’ai l’impression cette année que c’est la saison du rouge ! N’avais-je jamais fait attention avant ou les rencontres font que ça me semble évident cette année ?

C’est encore le cas ce soir de Novembre où le ciel s’embrase en moutons rosés dansant dans le ciel du Haut-Jura…

Et nageant dans l’eau de l’abreuvoir à chevaux !

Puis c’est au tour de la lune de monter sur l’estrade. Ronde, jaune, silencieuse, elle continue sa ronde comme chaque nuit depuis des millions d’années. Mettant en lumière les cimes, les brumes, les lacs, elle est ce qu’il y a de plus fidèles, qu’importent les lieux et les années. C’est la ronde de nuit !

 

 

 

Le jour s’est levé et le soleil délivre ses rayons sur les sols givrés et craquelant. A l’Anquerne, les animaux de la ferme dessinent de fines silhouettes sur les sommets des petites collines.

Chevaux, highlands, cochons et autres lamas sont autant de colocataires qui se partagent le pâturage. Pour le plaisir des papilles, et pour le plaisir de mes yeux !

Dans la fraicheur ambiante, la respiration de chacun est un souffle chaud. Des naseaux s’envolent de petits nuages éphémères qui font leur effet à contre-jour ! Quand la neige sera là, je m’arrêterai à nouveau !

La neige, parlons-en ! La voilà qui revient, blanchissant les couleurs et effaçant les traces dans la boue. La neige est là, avec ces curieuses envies d’effacer et d’immaculer.

Les érables s’apprêtent  perdre leurs dernières feuilles,

les vaches s’apprêtent à retrouver l’étable pour quelques mois. Pas de quoi rigoler, ho non ! Pas de quoi paniquer non plus. Le printemps reviendra, avec l’odeur des pissenlits et des herbes fraiches.

Eh bien mes amis, retournons à l’Anquerne puisque la neige est revenue ! Je vous laisse avec les animaux de la ferme, qui bientôt rentreront eux aussi. Pour l’heure ils visitent les flocons, le silence et le calme. Pour nous faire voyager encore…