Le blog de Julien Arbez
24/07/2017
De rose vêtu
Puisque la nature l’a fait, sortons le rosé ! Ce matin-là, la vallée de l’Orbe s’est habillée de brumes et des teintes rouges des premières lueurs célestes.
Un peu plus haut, un peu plus tard aussi sur les Grands Plats de Bise, le ciel rose a laissé sa place aux lueurs bleutées d’une journée d’été.
Les brouillards en suspension se promènent parmi les vaches, les murs de pierres sèches et les chalets d’alpage, invitant à la contemplation et à la rêverie.
Plus au Sud de la frontière franco-suisse, à la Pesse, le lieu-dit « l’Embossieux » nous dévoile ses trésors. L’ « Embossieux » porte bien son nom puisque son étymologie révèle la présence d’un vaste entonnoir naturel, aussi appelé doline. Au creux de cette dépression, un lac est né du travail de (’Homme qui a fabriqué une digue sur le petit ruisseau traversant la tourbière. Aujourd’hui, ce lac est le point de captage d’eau des communes environnantes).
Bien plus qu’une simple réserve d’eau destinée à la consommation, le site est parcouru par une faune qui y trouve un fabuleux refuge et un lieu d’alimentation. Autour du lac, des plantes hautes forment de véritables massifs dans lesquels de petits oiseaux s’agitent en chantant.
Les rousserolles verderolles apprécient ces hautes herbes pour la richesse en insectes et le couvert qu’elles offrent contre les prédateurs, venus du ciel ou de la terre.
Cette petite forêt à taille humaine est une panacée pour le photographe qui n’a qu’à s’immobiliser parmi les plantes pour passer totalement inaperçu ! S’en suit une série de photos dans le but d’immortaliser les allers et retours des parents vers les jeunes restés près du nid.
Mais ces petits insectivores virevoltent tellement vite que la chose n’est pas aisée ! Malgré tout, trois heures d’affût m’auront permis de réaliser quelques images de cet oiseau discret et voyageur. Malheureusement j’ai trouvé la nichée un peu tard et les jeunes commencent déjà à vagabonder. Il ne me reste plus qu’à noter la localisation du nid pour espérer les retrouver l’an prochain !
Ces grandes fleurs roses, qui font l’originalité et la beauté des paysages hauts-jurassiens, sont des épilobes en épi.
Si certains les connaissent pour leur intérêt culinaire (feuilles, fleurs et moelle de la tige se mangent), je les recherche davantage pour leur côté esthétique… et éphémère. On semble bien loin des jours où les patineurs côtoient les skieurs, où les doigts de la main côtoient les moufles !
Ca bourdonne, ça sent l’été, presque les odeurs de barbecue. De fines demoiselles, les caléoptérix, survolent la végétation de leurs ailes bleutées à la recherche de l’âme sœur.
Les araignées, pour celles qui savent tisser, attendent patiemment qu’un insecte imprudent se prenne au piège dans leurs fils tendus sur des passages stratégiques.
Les tiques, ces mal-aimées, attendent elles aussi qu’un reptile ou un mammifère passe à proximité pour s’y fixer et… se rassasier !
Sur les prairies rocailleuses inondées de soleil, les orpins s’épanouissent grâce à leurs feuilles épaisses qui sont autant de réserves d’eau pour lutter contre la chaleur.
En sous-bois, un églantier se met aussi au rose en dévoilant son unique fleur, graal du papillon forestier.
Puis lorsque le soir rosit à nouveau, les mammifères de la nuit se réveillent. Les jeunes blaireaux s’amusent devant le terrier avant la sortie des adultes qui se fera plus tard, quand la nuit sera tombée.
Ca y va les rouler-bouler sous les grands hêtres en devanture ! L’instant est saisissant. Les animaux ont l’air heureux. Moi, je le suis. Les cinq minutes de jeu me semblent très courtes.
Très courtes pour la surprise qu’elles m’ont procuré, pour cette enthousiasme qui me gagne après cette bonne heure et demi d’affût.
Dans d’autres terriers, d’autres animaux s’agitent.
Le renard s’en retourne en maraude dans les prés fraichement fauchés. De sillons en sillons, à pas de velours, goupil hume les effluves de foin coupé et de campagnol en difficulté.
Et le rose s’entimide, se ternit, s’endort. Il faudra se lever tôt demain matin pour le voir se réveiller…