Le blog de Julien Arbez
24/12/2015
Dans l’initimité du cincle plongeur
Le cincle plongeur, vous connaissez ? Ce drôle d’oiseau à la vie aquatique m’a fait l’honneur de sa présence durant près de 3 semaines, sous mon nez, là, juste en face de mon affût.
Le long de la Divonne, rivière qui fait la frontière entre la Suisse et la France, j’ai installé un filet de camouflage entre les arbres, devant une vielle branche sortant de l’eau. Cette branche, c’est un perchoir pour le cincle plongeur. Je le sais, je l’ai vu la veille s’y percher alors que je revenais de balade !
C’est de là que tour à tout, à certains moments de la journée, le mâle et la femelle font le grand plongeon dans le courant. Mais que vont-ils faire sous l’eau ?
Casser la croûte ! Le cincle plongeur, ou merle d’eau, se nourrit de larves d’insectes aquatiques et même parfois de petits poissons. Un matin, je l’ai vu attraper un chabot !
Et comme larves et poissons se cachent sur le fond de la rivière, entre et sous les pierres, le cincle sort le grand jeu : armé de ses puissantes griffes, il s’agrippe sur le fond et marche à contre-courant, retournant les galets de son bec pour y débusquer sa pitance. Il plonge là, à 3 mètres de l’affût, et ressort tantôt devant moi, tantôt 25 mètres en aval ! C’est un peu le cincle-surprise !
Ce mercredi matin, le mâle m’a fait un beau cadeau. Il ne s’est pas contenté de plonger, il a fait une pause « douche et lissage de plumes ». Face à la rivière, temps de 3 ou 4 minutes, le contorsionniste a usé de sa souplesse pour se refaire une beauté jusqu’aux dernières plumes de la queue.
Tout va très vite, les mouvements sont extrêmement rapides et calculés. En une demi-seconde, sa plus longue plume passe par son bec et ressort « peignée » à souhait.
Il me manque très souvent de la lumière à cause de ce satané brouillard qui voile le soleil et le paysage. De ce fait, un matin sur deux, je ne parviens pas à figer les mouvements, dont certains paraissent très drôles !
En tout, j’aurai passé près de 35 heures derrière mon filet. D’abord assis, puis couché. J’ai même fait un tour dans la rivière en cuissardes pour ôter quelques branches qui me gênaient la vue. Mais pas touche au perchoir !
J’ai vu la rivière monter, d’un jour sur l’autre. J’ai vu se promener la bergeronnette des ruisseaux et le troglodyte mignon chaque matin.
J’ai observé tambouriner le pic, grimper le grimpereau, voler les mésanges à longues queues. Et j’en ai appris un peu plus sur cet oiseau mystérieux, rondouillet, nageur hors pair. Longue vie sauvage à nos rivières !