Le blog de Julien Arbez
10/09/2023
Courants d’eau
Cette fin d’été, alors que la pluie a boudé la région (et bien plus que la région…), les champignons font un peu la tête et la plupart ne se sont pas décidés à émerger. Sauf l’anthurus d’archer, ce champignon sans gêne venu d’Australie, pour qui la sécheresse ne semble pas être un frein à sa croissance…
Les polypores, ces champignons secs accrochés en permanence à certains arbres morts (que certains appellent à tort langues de bœuf), eux, sont bien de la partie puisqu’ils ne connaissent pas les saisons et sont résidents à l’année.
Sous leur chapeau, un labyrinthe de plis au sein duquel les spores sont prêtes à mûrir…
Restons dans les graphismes avec cette marmite naturelle remplie de lentilles d’eau et de quelques grenouilles qui leur vont à merveille !
De plus loin, la cavité rocheuse creusée par le torrent donne ça :
Le long de cette rivière, de cette magnifique rivière, bondissent des cascades nombreuses et toutes aussi belles les unes que les autres. Qu’elles soient tranquilles avec un air d’Amazonie ou plus rapides avec des airs de saute-mouton, les chutes d’eau en pose longue apportent toujours de la douceur au cœur.
Voilà quatre heures que je photographie ce cours d’eau, sac au dos et bottes au pied, le tréîed photo dans la main. Il fait doux, j’ai chaud. Le soleil baisse,
Bientôt il disparait. Les vasques libérées des flots continuent de s’assécher en silence,
tandis que la lumière qui baisse me permet de prendre des images en poses de plus en plus longues, augmentant le côté « lisse » et « doux » des mouvements.
Je me paye le luxe de quelques effets variés pour choisir ceux qui me plaisent vraiment : Pose rapide ? La lumière est compliquée, le site à cette heure n’est pas très bien orienté.
Mais la pose longue lui restitue toute sa beauté !
Jusqu’à la nuit, jusqu’à la nuit noire, je reste marié à ces flots, en rêveur terre à terre plus voyageur que jamais.
Autre site, autre ambiance. Loin des eaux vives, je déambule cette fois-ci dans « mon » étang, celui que je parcours depuis maintenant bien des années, toujours avec le même affût flottant qui e a vu passer des carpes et des écrevisses. Cette fois-ci, un discret râle d’eau me fait l’honneur de sa présence, quelques secondes en bordure de la berge.
Mais les stars de cette expédition sont sans contexte les martin-pêcheurs !
J’ai de la chance, vraiment de la chance aujourd’hui, car je pense arriver le jour où une nichée a quitté son terrier. Les adultes sont assez régulièrement visibles et surtout, très bavards !
Ils s’agitent à proximité des grands saules et des peupliers qui habillent la rive. Je ne vois pas les jeunes pour le moment, mais les entend pas loin d’ici, quand le mâle et la femelle passent en un éclair avec un poisson dans le bec.
Je vois à peu près où ils sont mais ne peux pas y aller, ou ne veux pas : la roselière est trop épaisse et je risque, en la pénétrant, de faire trop de dégâts chez les insectes et les oiseaux qui l’habitent.
J’attends donc les genoux dans la vase, plusieurs heures.
Puis les jeunes apparaissent. J’en vois trois. Ils crient, se dressent comme des pingouins quand arrivent leurs parents, pour tenter de gagner la proie avant le reste de la fratrie.
Au final, 11 heures seront passées sans que je ne les vois défiler. Bien sûr je suis épuisé, bien sûr je sens fort la vase, bien sûr il me reste à démonter l’affût, le faire sécher et le ranger. Mais je garderai d’autant plus la saveur de cette aventure que ma mémoire gardera en elle les concerts des oiseaux turquoise.