Le blog de Julien Arbez
14/07/2020
Coup de soleil
Ce dimanche 12 juillet, le soleil fait son apparition sur les abords du lac des Rousses. Déjà, les brumes qui dansent se dissipent pour laisser place à une étendue d’eau aux couleurs pastels.
Sur les bords du lac, là où le faucheur a longuement travaillé la veille, un renard en quête de nourriture avance à pas feutrés dans les herbes couchées encore humides. Pas de bonds sur des rongeurs, juste une marche incessante, le museau en alerte, l’attention portée sur les odeurs.
Sous le bardage métallique d’un chalet d’alpage, mon œil est attiré par un mouvement. Je découvre une hermine curieuse, qui m’observe autant que je l’observe. Puis une seconde, une troisième… Je suis en train de réaliser que je viens de « tomber » sur une portée d’hermines de l’année !
Dejà de taille adulte, les mignonnes jouent à cache-cache entre les parpaings de béton, les arbres secs et le mur de pierres sèches. L’environnement n’est pas de plus esthétiques pour des photos de nature, mais les drôles de mimiques m’invitent tout de même à appuyer sur le déclencheur.
Ultra-vives comme leurs cousines les fouines et les martres, ces petites hermines connaissent déjà l’environnement extérieur autour de leur gîte. Les museaux se dressent, hument, disparaissent pour réapparaitre quelques secondes plus tard à quelques mètres, plus haut, plus bas, devant ou derrière moi…
Quelle énergie alors que le soleil qui monte m’assomme toujours un peu plus !
A 30 minutes de marche d’ici, les marmottes qui ont élu domicile sont de sortie. L’herbe autour des terriers est abondante, et une bonne partie de la journée est consacrée à la somnolence au soleil, l’œil toujours alerte, guettant tout prédateur, ailé ou poilu, qui pourrait s’approcher de la colonie.
Dans la forêt, les abris utilisés l’an passé sont de nouveau investis par quelques animaux amateurs de fraicheur. Je suis venu voir si des marmottons étaient nés ici cette année. Mais jusque-là, pas l’ombre d’un museau de jeunot !
Je reviendrai fin juillet prendre des nouvelles de « mes » chères marmottes jurassiennes !
En quittant les lieux, en milieu de journée, je suis surpris par un animal en mouvement le long du chemin forestier. Un petit animal qui me fait penser un lapin… Seulement, ici, pas de lapin, seulement des lièvres. Je m’approche, mais ne trouve pas la bête. Alors que je ne l’ai pas vue s’enfuir ! Le levreau est là, à 30cm de mes pieds, tapis dans les herbes au milieu du chemin. Son mimétisme est surprenant d’efficacité !
L’été, c’est encore et toujours la saison propice à l’observation des serpents. Je retourne sur le site que j’ai beaucoup fréquenté les années passées, retrouver mes copines à la langue fourchue.
J’en trouve deux, exposées au soleil l’une à côté de l’autre, sur un mur de pierres bordé par des pruneliers sauvages. A mon approche, l’une d’elle rentre se mettre à l’abri sous un bloc de pierres tandis que la seconde se déplace légèrement pour redevenir immobile. Une petite séance photos est obligatoire !
Juillet, c’est aussi la période des foins en montagne. Et qui dit foins dit chats sauvages, blaireaux, renards ! Le soir venu, c’est un renard qui apparait entre les rouleaux de foin. Bien caché derrière mon filet de camoufle, je l’observe à ma guise faire des allers et retours la tête baissée et les oreilles en paraboles.
Puis le soleil s’en va pour la nuit, retrouver l’autre côté de la terre. Alors les ombres qui s’allongeaient disparaissent, les merles se taisent, les étoiles vont bientôt apparaitre.
Sous la voûte céleste gambaderont le blaireau, le hérisson, la musaraigne. Mais seuls nos rêves pourront les voir.