Le blog de Julien Arbez
09/06/2020
Chouettes alors !
Il est venu le temps des cathédrales de fleurs ! Les chevreuils sortent en plein champs pour casser la croûte, dressant régulièrement la tête pour parer l’approche d’un prédateur potentiel.
Pour la troisième année consécutive, la coronelle lisse a investi le mur de pierres sèches qui lui sert de « place de bronzage » et de zone de chasse.
Cette petite couleuvre trouve ici de jeunes vipères et de délicieux lézards qui font la base de son alimentation.
Dans le secteur des Bouchoux, les chouettes hulottes continuent de nourrir l’unique jeune chouetton qui a vu le monde cette année.
Chaque soir, la femelle vient en lisière, tout près de l’emplacement du nid, chasser les insectes au sol pour alimenter leur petit, en attendant le ravitaillement par le mâle de petits mammifères forestiers.
A la tombée de la nuit, elle utilise souvent les mêmes perchoirs, offrant de belles possibilités de prises de vues malgré la faible luminosité.
Tous les soirs, je vais me glisser dans la tente de camouflage en espérant que la femelle se pose sur le perchoir que je guigne. A force d’insistance, je parviens à faire quelques images lorsque l’oiseau est immobile, les sens en alerte.
Dans le frêne qui accueille le nid, le jeune de l’année pointe désormais la tête en appelant ses parents avec de petits cris brefs et stridents. Pas discret le bambin !
De jours en jours, le jeune grandit et se montre de plus en plus régulièrement, jusqu’au 5 juin ou je découvre le petit dans un arbre voisin. Il a quitté le nid et s’accroche fermement à la branche qui le supporte et qui danse dans le vent.
Il a encore du mal à se déplacer, et mieux vaut éviter de tomber au sol ou les prédateurs rôdent !
C’est à partir de ce moment que j’ai eu plus de mal à observer les adultes. Finies les chasses d’insectes en prairie, finies les allées et venues à proximité du nid. Est-ce parce que la pluie s’invite tous les jours que la femelle ne chasse plus les insectes, ou a-t-elle changé d’habitudes dès que son jeune a quitté la cavité ? Mon manque d’expérience ne me permet pas de juger. Quoi qu’il en soit, j’ai le plaisir, jour après jour, de voir grandir le chouetton qui brunit rapidement. Déjà, ses ailes se parent de plumes et lui permettent de quitter la zone habitée pour s’enfoncer plus profondément dans les bois. Le verrai-je encore longtemps ?
Dans la forêt du Risoux, la minuscule chouette chevêchette s’affaire elle aussi à nourrir ses bébés. La loge de pics épeiches investie par le rapace attire toute mon attention : c’est de là que je vois la femelle s’envoler lorsque le mâle (que je ne vois pas) l’appelle pour le passage de nourriture.
Alors aussitôt, la femelle pointe la tête à l’entrée du trou et s’envole à une trentaine de mètres d’ici et répond frénétiquement au mâle par de longs cris aigus.
Parfois, quand le mâle se fait attendre, le femelle sort se reposer sur une branche basse de feuillu ou d’épicéa en attendant se venue. Une petite sieste à l’air libre, sous les caresses du vent, s’envisage même de temps en temps !
Début juin, le femelle n’habite plus dans la loge. Elle y retourne régulièrement pour des contacts avec ses jeunes et pour nettoyer la loge des poils, plumes et fientes qui pourraient attirer les prédateurs.
Ce sont tantôt des oiseaux, tantôt des petits mammifères que le mâle apporte à sa douce, après avoir eu la gourmandise bien méritée d’en manger la tête.
Elle s’en saisit alors avec les pattes, et les emporte aussitôt à la loge. Parfois, elle marque un arrêt sur une branche basse devant la cavité avant de piquer la tête la première, d’un battement d’ailes rapide, pour disparaitre au fond du trou.
Voilà 12 fois que je me rends vers cette loge pour contempler ce balai aérien. Je profite du caractère docile de l’oiseau pour tenter des prises de vues changeantes et représentatives de son mode de vie.
J’ai hâte de rencontrer les jeunes, qui devraient se montrer à l’entrée de la loge d’un jour à l’autre. Une fois de plus, il faudra être patient !