Le blog de Julien Arbez
03/05/2021
Chouette, des oiseaux !
Allez hop, on démarre en fanfare au saut du lit… d’un petit ruisseau couvert de tuf. Celui qui connait le mieux les lieux, c’est sans doute lui, le cincle plongeur.
Il fouille dans les vasques en apnée pour chasser les larves aquatiques. Cette fois c’est loupé !
Fin avril, c’est le moment où la forêt se prépare à verdir, encouragée par les oiseaux et les bourdonnements, on la sent prête dans les brumes du matin.
C’est aussi la saison où le pic noir élève ses jeunes à l’abri dans la loge creusée par le mâle.
Cette loge-là n’est pas une loge de ponte, mais une ancienne loge de ponte. Elle est aujourd’hui reconvertie en chambre séparée par la femelle qui arrive tous les soirs à 20h.
Avec tout de même plus ou moins 10 minutes d’avance ou de retard.
Et par chance, dans ce même arbre se trouve deux autres loges, dont l’une est occupée par une nichée de nyctales de tengmalm ! Je profite de cette situation peu commune (le maitre d’ouvrage et le squatteur sur la même image !) pour réaliser un panoramique que lequel on peut voir les deux compères : une jeune chouette et la femelle pic noir.
Le lendemain, rebelotte mais avec un autre angle :
La nyctale de tengmalm, je vous en ai déjà parlé. C’est cette petite chouette forestière qu’on trouve principalement dans les massifs montagneux.
Les adultes sont bruns mouchetés de blanc. Les jeunes sont couleur chocolat :
Plus d’adulte dans la loge, maintenant que les jeunes ont déjà bien grandi. J’ai d’ailleurs remarqué que la « loge du milieu » était habitée car un jeune m’observait de sa fenêtre ! C’était le 22 avril.
Les jeunes sont au moins deux, et il me semble en avoir vu trois : 2 d’un côté, un de l’autre. Car la loge du milieu possède 2 entrées ! Décidément, cet immeuble est fort bien conçu. Mes respects Mr le pic.
Le 28 avril au soir, à la nuit tombe plutôt ! Je tente de photographier la femelle qui arrive au nid pour le premier nourrissage de la nuit. J’ai remarqué les jours précédents ses perchoirs préférés et je vais tenter l’impossible : photographier la tengmalm sans flash avec une proie dans les serres. J’installe le trépied, je prépare la mise au point à l’endroit supposé où la femelle va se poser, je relève le miroir pour éviter les tremblements à la prise de vue, je prépare mes réglages et installe la télécommande pour ne pas avoir à appuyer sur déclencheur du boitier et risquer un petit flou de bougé. Technique hein ! Allez j’ai fini !
Tout ça pour dire que j’ai réussi et que j’en suis fier !
Le 1er mai, il pleut des cordes. Ca fait deux soirs que je ne suis pas venu voir les chouettes. Quand je découvre « mon » (peut-être pas « le ») premier jeune hors du nid. C’est la fête du travail, et la mienne !
Il est trempé, il semble en plein désarroi avec son regard endormi. C’est sa première journée sous la pluie, il en verra d’autres !
Le lendemain il pleut encore mais beaucoup moins fort. Les températures se sont rafraichies. Décidément, quel temps pour découvrir le monde ! Je vois une chouette loin de la loge, sur un petit épicéa. Comme je suis content de l’avoir vue !
« Coucou toi ! Tu es celle que j’ai vue hier, un frère ou une sœur ? » Je ne le saurai pas. J’imagine que c’est la même chouette que celle vue hier car elle se trouve plus loin mais dans la même direction.
Je profite du nouveau cadre pour faire des images et me gorger de tranquillisants (tout naturellement quoi !).
Je la regarde, elle s’endort, elle me regarde, je la regarde, elle s’endort… La séance de prises de vues ne fait pas de vagues !
Au cours de la fin d’après-midi, un rayon de soleil apparait, et colore son plumage brun-roux de nuances écorcées. Enfin de la lumière sur la belle.
Puis la lumière se tamise, baisse, jusqu’à devenir bleutée. Les merles se taisent, le troglodyte aussi. La petite chouette, elle, se met en mouvement. Elle tourne la tête dans tous les sens en me regardant, s’étire, baille à qui mieux mieux.
Puis dans la pénombre elle se met à appeler sa mère. Aussitôt rejointe dans le concert par son frère ou sa sœur, cachée dans un épicéa à une trentaine de mètres de là, et que je n’avais pas vu pendant la prospection ! La loge ce soir restera vide. Tout le monde est sorti.
Le lendemain, je retourne sur le site mais ne parviens pas à les retrouver. Aucun nouvel indice. Les chouettes m’ont sans doute vu passer au pied de leur arbre mais se sont bien gardées de me le dire ! Alors je leur ai dit au-revoir. Merci les chouettes de m’avoir fait un nouveau cadeau.