Le blog de Julien Arbez
10/10/2024
Cerfs et salamandres
La fin du brame a sonné dans la forêt dans laquelle j’ai passé des heures et des heures, des matinées entières, des nuits, à écouter les cerfs. Si dans d’autres secteurs les animaux élèvent encore la voix, ici tout est redevenu calme et les biches peuvent enfin se déplacer tranquilles, ans avoir monsieur collé aux fesses et criant dans leurs oreilles…
J’ai eu la chance cette année de voir deux individus très grands, forts, impressionnants, tous les deux des 18 cors, panaches dont je ne savais même pas ‘existence dans les forêts jurassiennes. L’un d’entre eux s’est rapproché de moi un beau matin, alors qu’il ne soupçonnait pas ma présence, suivant deux biches qui parcouraient la forêt. Il est apparu à moins de 10 mètres, imposant, et marchant d’un pas assuré dans ma direction alors que j’étais accroupi contre le sol.
Malheureusement mes réglages n’étaient pas bons et j’ai fait une grossière erreur d’autofocus. Tant pis encore pour cette année, l’image même floue donne des frissons.
Le second se dirigeait vers une souille en milieu de matinée, mais les branchages alentours m’ont empêché de faire une belle image d’ambiance. C’est aussi ça le brame en forêt !
Avec les pluies d’octobre et l’apparition des chanterelles et des pieds de moutons, j’ai fait quelques sorties aux champignons qui se sont parfois transformées en sorties aux salamandres…
J’ai découvert un nouveau coin incroyable, dans une forêt de pente ceinturée de ruisseaux, habillée de mousse et de bois morts, apparemment appréciée par ces petites bêtes attachantes !
C’est la première fois que j’observe autant de salamandres en journée. Je découvre d’autres comportements : tandis que les salamandres du soir ont plutôt tendance à se faire la malle quand elles me voient approcher, les salamandres en journée ont la manie de se figer et de ne plus bouger jusqu’à ce que je leur tourne le dos.
Il s’agit sans doute d’une manière de passer inaperçue, dans le sous-bois mouillé ponctué des couleurs d’automne. J’ai alors l’immobilité de l’animal qui ma facilite la mise au point, et les lumières adéquates qui me permettent d’obtenir des images suffisamment douces sans avoir à trop faire grimper les ISOS.
Je suis autant excité que la semaine précédente quand j’entendais crier les grands cerfs. Mais dans une excitation toute autre, celle de réussir enfin des images singulières de salamandres dans leur environnement forestier. J’avais manqué une image l’an passé d’une salamandre passant à deux pas d’un champignon, c’est chose faite cette année.
Il suffit de changer de point de vue,
de se coucher au sol pour varier les rendus. Je me régale.
En remontant la pente, j’observe une salamandre qui cherche à me fuir en se mettant à la verticale au pied d’un grand arbre moussu. Elle s’immobilise, attend mon départ.
Je me mets en retrait pour la prendre en photo à travers les feuilles d’un arbuste qui n’a pas encore perdu ses feuilles. Elles sont de différentes couleurs et procurent un intéressant effet pastel… Je fais ma mise au point sur la bête à l’arrière des branches… Comme l’explosion de couleurs va bien à la salamandre !
Je retournerai aux champignons avec l’appareil photos. Je rentrerai avec le repas du midi, ou avec des images à vous montrer, ou…
avec rien de tout ça, mais la tête remplie du bonheur d’être dans la vie.