Le blog de Julien Arbez
07/10/2014
Cerf moi fort
L’heure a sonné. Depuis quelques jours déjà les forêts poussent de drôles de cris, rauques, au crépuscule. Cette fois c’est sûr. Les cris se font de plus en plus entendre, réguliers, puissants. Le cerf est au comble de l’excitation, la saison des amours bat son plein.
Pas facile de les voir ces bêtes-là ! Les fougères en lisière trahissent le passage des amoureux pendant la nuit. Au sol, crottes et empreintes laissent imaginer les joutes nocturnes. Car de jour, tout est si calme…
En lisière de forêt, une biche pointe le bout de son museau, accompagnée par son jeune de l’année. Les mâles crient au loin, mais personne ne viendra lui demander sa flamme.
Pas même ce filou de gros cerf qui courrait langue pendante derrière sa belle en fin de semaine dernière… Ici vers Thônes, le brame est plutôt discret, les chanteurs aussi…
Pas comme sur le plateau des Glières ! Ici, si les combats pour la résistance sont terminés, il n’en est rien de ceux pour la descendance !
Sur le plateau les brumes dansent sur les prairies humides, douceurs infinies.
Les pins et autres bouleaux se hissent tant bien que mal au-delà des nappes blanches en gardiens du temps.
Dans les prés, personne. Mais dans les bois, ces messieurs s’agitent. Leur voix lointaine parvient jusqu’au vallon. Mes yeux ne sont plus lourds, l’ambiance me réveille.
Le soleil perce lorsque j’arrive sur la place de brame. Les biches sont là, les mâles aussi. Les arbres autour de moi sont grattés, frottés, torturés. Les souilles sont visitées, la boue éparpillée.
Une biche gambade tranquillement en contre-bas dans la forêt, suivie de près par un jeune prétendant. Par bonheur, le vent ne leur aura apporté ni mon odeur ni le bruit de mes pas.
Mais c’est plus haut que ça brame fort. Là, à 100 mètres peut-être en amont du chemin. L’approche est courte mais tellement longue ! Mon cœur bat, fort. Les bruits de pierres qui dévalent, des silhouettes qui passent au loin, et c’est l’affût sous un vieil épicéa.
La rencontre aura duré moins de 2 minutes, mais ce jour je repars le sourire au cœur. En souhaitant à ces chers un monstre bonheur !