Le blog de Julien Arbez
21/07/2014
Castor, Martin et Compagnie
Me revoilà dans les mêmes eaux que "mes" chers castors.
Très chers castors.
Ceux dont je commence à connaitre un peu les habitudes, les trajets, les bruits de grignottage, et les plats préferés. Ceux que je vois passer à fleur d’eau, ou en plongée à quelques pas de mes wadders. Les émotions à chaque fois sont intenses. Et je pèse mes mots !
Je n’ai pas souvent la chance d’appercevoir la queue d’un castor. Il arrive qu’elle affleure à la surface quand Monsieur grignotte des nénuphars, des occasions à ne pas manquer !
Et rebelotte : après un long moment à grignotter des fleurs et des feuilles de nénuphars (en faisant la planche !), c’est l’heure de passer aux phragmites. Ces tiges qui offrent le couvert au castor, et le gîte aux oiseaux ! Une fois sectionnée, la tige est emportée dans ce coin de paradis que le rongeur s’est dégotté : une véritable salle à manger, garnie des restes de plantes abandonnés au fil des jours (ci-dessous, panoramique vertical 2 images).
Ces habitudes sont telles que je me suis permis un affût avac le grand angle, abandonnant à la maison mon téléobjectif. Le moment est immortalisé, le pari est gagné !
Comme je suis captivé par ces animaux ! J’apprends à les connaitre, tranquillement, à mon rythme. Et tranquillement, une partie du mystère s’évapore, mais la fascination est intacte.
On a retrouvé des restes de castor datés d’environ 20 millions d’années. Il a donc fait partie à la fin de l’ère tertiaire des premiers mammifères dits évolués (avec les premiers singes pratiquant une bipédie partielle), bien avant l’apparition du genre Homo...
Il est la seule espèce capable d’édifier des barrages, créer d’importantes réserves d’eau et de couper des arbres plus gros que lui (l’éléphant abat des arbres mais ne les coupe pas), tout en permettant à la souche de produire des rejets (taillis). Eh oui, les saules et autres arbres qui ont les pieds dans l’eau ont appris à repousser sur leur souche, statrégie "pied-de-nez" en réponse aux dents du lac !
Pour l’anecote (et la compréhenion du pourquoi de sa raréfaction au fil des siècles), voilà comment un certain De Beauvais décrivait le « bièvre » :
- " ...une bête très paisible. Ses testicules renferment un médicament qui se montre très efficace dans un grand nombre de maladies. Physiologue dit que la nature du castor est telle que lorsqu’un chasseur le poursuit, il regarde sans cesse derrière lui, quand il voit le chasseur s’approcher de lui, il se tranche les testicules de ses dents, et les jette au visage du chasseur. Le chasseur les recueille, arrête la poursuite et s’en retourne."
En espérant que sa protection permette la recolonisation des lacs et des cours d’eau qu’il habitait autrefois. Il est des légendes qui perdurent !
Un autre habitant de la roselière est venu me rendre visite alors que j’attendais mes "queues plates" : Le martin-pêcheur, la flèche bleue, que je découvre ici pour la première fois. Par chance, il vient se percher en face de l’affût pour une séance de toilettage. Décidément, je vais de surprises en suprises !
En 1h30, il aura plongé 4 fois pour attraper 2 alevins. Revenu sur son perchoir, Martin assomme sa prise contre les roseaux avec virulence et obstination. Puis ni une ni deux, et Gloups !
Quittons les paysages préalpins pour retrouver les montagnes jurassiennes.
Vous vous en doutez sans doute (je doute en fait que vous ne doutiez pas, alors dans le doute...), je suis passé prendre des nouvelles des chamois de la Vallée de Joux, espérant photographier les cabris de l’année accompagnés des mères et des nourrices.
Et ils ont grandi ces cabris ! Déjà les cornes pointent entre les oreilles !
Dans le pré-bois s’envolent quelques oiseaux minuscules. Un couple de troglodytes mignons ravitaille ses 3 bambins qui ont trouvé refuge entre les racines d’une souche couchée d’épicéa.
Les vaches savourent le grand air en pestant sans doute un peu contre les mouches un peu collantes...
La forêt chante, les couleurs dansent, les insectes aussi. Bzzzzz !!!!! Ecoutons, écoutons ! Chacun a son mot à dire. Même les orties, même les moucherons !