Le blog de Julien Arbez

Bouquet de couleurs

Ce matin, alors que le ciel s’enflamme, les nappes de brumes caressent les prairies arrondies de la vallée de l’Orbe.

Puis c’est l’heure où le soleil perce les cimes, réchauffe les herbes et dégivre les fleurs.

Les arbres s’illuminent, les ruisseaux scintillent, lançant aux poissons leurs étoiles filantes.

Les lézards se réveillent, encore ankylosés par la nuit fraiche. Un orvet rampe en lisière de forêt, lorsqu’il me voit approcher avec mes gros souliers. Mais la fuite est lente ! Heureusement que je ne suis pas un mangeur de lézards !

Sur les dalles rocheuses exposées plein sud, des lézards des murailles, plus communs, réchauffent leur corps pour se mettre en chasse des fourmis et autres papillons attirés par les fleurs de rocailles.

Une punaise dont je ne connais pas le nom vient de fuir une anémone pulsatile. Elle a juste eu le temps d’y déposer une petite crotte, déposant ainsi la première perle du collier.

Peu de vipères aujourd’hui, sauf une belle orangée, qui repose bien en vue sur les pierres amoncelées. Pas le temps de la photographier de près, elle aussi n’a pas souhaité voir ma bouille de trop près ! je la comprends… ðŸ˜‰

Sous le couvert forestier, un vieux hêtre mort et décharné est cassé à une dizaine de mètres du sol. A son pied, un tas de copeaux m’indique qu’un couple de pics est venu y creuser une nouvelle loge ce printemps. Ni une ni deux, je me cache sous ma tente d’affût pour observer les pics épeiches…

Mais ce ne sont pas des pics épeiches qui sont venus habiter l’arbre mais un couple de pics verts très farouches. Belle surprise ! Je décide de repartir à la maison chercher 4 piquets et deux filets, que j’installe à une petite trentaine de mètres du nid. Je vais le laisser là quelques jours sans revenir, histoire que les locataires du chicot s’habituent à ce nouvel élément.

Quand je reviens 5 jours plus tard, l’affût est bien accepté. Je n’ai qu’à me glisser dessous rapidement dès mon arrivée pour attendre et voir les pics se relayer pour la couvaison. 2 heures en chaque relais, c’est long !

Un matin, mâle et femelle arrivent à la loge, pour se glisser à l’intérieur et en ressortir après une ou deux minutes. Plus d’adulte à l’intérieur, les jeunes sont nés.

Un écureuil, mangeur occasionnel d’œufs et de poussins, visite chaque loge de l’arbre mort en y passant la tête. Aïe ! par chance pour la nichée, ce n’est pas aujourd’hui qu’il mettra de la viande de poussins à son menu…

Les allées et venues vont se succéder de plus en plus souvent, en rythme de la croissance des oisillons. La suite de la saga des pics verts, ce sera dans le prochain article !

Plus loin, une mésange huppée sort d’une autre cavité (de pic épeiche cette fois !), dans laquelle elle aussi a niché. Elle en fait du bruit dans les arbres du voisinage !

La nuit tombe, le soleil disparaissant derrière la horde de cimes à l’horizon. J’entends un mâle de hibou moyen-duc se mettre à chanter. Il est tard dans la saison pour entendre chanter le moyen-duc… Sans doute une seconde nichée dûe à l’échec de la première.

Encore une affaire à suivre…

Et cette nuit, cette nuit que se passera t’il ? 

Oh, plein de choses ! mais je serai dans mon lit… je n’aurai plus qu’à les rêver !