Le blog de Julien Arbez
29/08/2020
Bienvenue fraîcheur
J’ai rarement vu les prairies du haut-Jura aussi jaunes. C’est surprenant. A la fois beau, triste et inquiétant.
Par endroits, des graminées battues par les vents se sont couchées au sol dans le désordre d’une bataille.
Les insectes n’ont plus guère de fleurs à butiner. Fini le bleu des knauties, le mauve des campanules, le rose des sainfoins. Désormais ce sont eux, presque eux-seuls qui donnent la couleur !
Les prairies humides ne le sont plus vraiment, le niveau des mares, des étangs et des lacs tombe et tombe encore. Les tourbières aussi vivent au ralenti, privées des eaux de pluie et de ruissellement depuis plusieurs semaines. La tourbe durcit en surface et les plantes sèchent inexorablement.
Les droséras, plantes carnivores de ces milieux fragiles, ne montrent pas leur difficulté. Elles tendent leurs cils collants pour piéger les petites fourmis qui poseraient le pied dessus. Le malheur des uns fait le bonheur des autres !
Le soir, la température retombe. Il ne fait plus chaud, il fait doux. Le soleil n’est plus là pour nous piquer la peau, nous éblouir et nous faire transpirer. Un lièvre profite de ce moment de répit pour gagner la prairie et grignoter des herbes vertes qui ont repoussé après la dernière fauche.
Demain, la pluie prendra ses quartiers et arrosera la nature qui l’appelle depuis si longtemps. Demain, les bottes reprendront du service !
En effet le lendemain, les lourds nuages libèrent enfin leurs gouttes rapides et musicales. Enfin ! Il pleut fort, il devrait y en avoir pour tout le monde.
La forêt s’assombrit puis change de couleur, les feuilles se balancent, Les gouttes passent des branches au chapeau et du chapeau au dos.
Elles glissent le long des écorces, donnent vie aux bouquets de fougères. La pluie vitaminante arrive tard, mais mieux vaut tard que jamais. Grenouilles, têtards, libellules et limaces fêteront ce soir le beau temps en toute discrétion.
Pour ne pas gâcher le spectacle.