Le blog de Julien Arbez
31/12/2016
Au-dessus des nuages
"Un mois et demi qu’on est dans le brouillard !" Décidément les habitants du Pays de Gex et du Bassin du Léman commencent à y trouver long... D’autant plus que là-haut, le soleil brille généreusement !
Depuis le belvédère du Turet, non loin du Col de la Faucille, la vue sur la plaine est grandiose. Enfin... sur la plaine... sur la mer de brouillard ! Les nuages se déchirent sur les contreforts du Jura, viennent caresser les arbres comme les vagues caressent le sable.
De temps en temps, la marée redescend et laisse place aux cimes les plus hautes des collines du Pays de Gex. On ne sait plus où est la Terre, où est le ciel.
Puis le soir tombe, dans toute sa magnificence, à en faire rougir le Mont Blanc. Et ses fiers voisins !
A la nuit tombante, le ciel fait la part belle au bleu des brumes qui s’enroulent autour des crêtes du Creux de l’Enfer.
Devant nous aboient les chiens et klaxonnent les automobilistes, invisibles. On entend le passage incessant des voitures qui decendent le col, des camions et des travailleurs d’extérieur. Au sommet, bouvreuils et becs-croisés chantonnent de leurs chants flûtés la fin de la journée. Place aux chouettes et aux hiboux !
Une heure a passé et la nuit désormais s’est pratiquement installée. Les phares des voitures trahissent leur présence au loin sur le Salève, tandis que Divonne-Les-Bains, Gex et Genève apparaissent à travers l’épais nuage qui les emprisonne. Plus la nuit s’assombrit, et mieux on parvient à localiser les villes.
Est passée la nuit, ont filé quelques étoiles et a valsé le plafond bas. Aujourd’hui, rebelotte : c’est reparti pour une journée au soleil, non sans condoléances pour les "gens d’en bas". Comme c’est beau ! Je me sens bien.
Depuis quelques jours, je guette le tichodrome depuis le haut des Roches d’Orvaz. Ce petit oiseau adepte de l’escalade est sans doute venu des Alpes passer l’hiver dans le Jura. 2 heures que j’attends, mais il n’est toujours pas là. En bas des roches, la brumme a fait son apparition et investit le petit bourg d’Orvaz.
Puis elle monte, monte toujours plus haut puis vient envelopper le cirque calcaire. Toujours pas de tichodrome. Soudain, un oiseau vient de percher sur le haut de la falaise, au-dessous de laquelle vont et viennent les grives et leurs cousins les merles. C’est un faucon pélerin ! Quelle chance de pouvoir observer ce prédateur, as de l’aviation, quand on s’y attend guère !
Ce fameux tichodrome (littéralement : le "coureur sur les murs"), finira pas se montrer. L’observation à quelques mètres n’aura duré que quelques secondes. Le temps d’une prospection de la falise avec son long bec, et le voilà reparti en quête de nouveaux insectes endormis.
Depuis quelques jours, je ne le vois plus. Est-il parti dans un autre secteur ? Où vient-il plutôt l’après-midi ? Mystère !
Quelques jours plus tard, me voilà à la tombée du jour sur les berges du Lac Léman. Fuligules, harles, foulques et cygnes ont investi le port de Genève, comme à leurs habitudes...
Les mouettes et les goélands se bataillent pour quelques quignons de pain abandonnés çà et là par les passants. Comme les disputes peuvent être rudes ! Vite, les oiseaux profitent de leurs derniers repas avant de reposer sur un mât de bateau ou un lampadaire de la rade. La lumière est faible et je m’ammuse à quelques poses lentes invitant l’imaginaire et la rêverie...
Finissons notre derière épopée de l’année au pied d’une cascade. L’eau est rare, il n’a pas plu depuis plusieurs semaines. Mais le spectacle est saisissant ! C’est le cas de le dire... Les embruns projetés contre les pierres et la végétation ont transformés le paysage. La moindre brindille, le moindre caillou sont recouverts d’une épaisse couverture de glace, dure et fragile à la fois.
A quelques mètres de là, le soleil a eu raison des dernières fleurs de givre. Mais sous la roche du Chapeau de Gendarme, continuellement à l’ombre en ce moment de l’année, ces glaces-là ne céderont pas ! Tant que les nuits seront fraîches, tant que l’eau coulera sous les ponts...
Ainsi s’achève notre expéditon 2016. Cette année encore, la nature nous a réservé de bien belles surprises. Et bien d’autres que l’on a pas sû regarder ! Et si l’an prochain la magie continuait ? Mais bien sûr !!!
Meilleurs voeux pour 2017 !