Le blog de Julien Arbez
12/04/2018
Alternances
A peine le printemps a-t ’il sonné que c’est l’hiver qui lui ouvre la porte ! La dernière petite couche aura à peine tenu quelques jours au-dessus de 1200m d’altitude.
J’en ai profité pour refaire quelques derniers blancs paysages avant le passage aux couleurs.
J’en ai également profité pour repérer les traces de la fameuse gélinotte qui n’a pas voulu se montrer le printemps précédent. Cette année je prends ma revanche !
Toujours dans le même secteur, je tombe sur des empreintes fraiches du matin. Elle est par là autour de moi, entre noisetiers et épicéas, à jouer la statue. Je ne la vois pas, je ne l’entends pas. A la nuit tombée, je pars installer un affût fixe dans cette zone où j’espère voir le gallinacé sortir demain au lever du jour. Le lendemain matin, je suis en place 20 minutes avant le début du lever du jour. Je suis en place, mais j’avoue peu y croire. Et pourtant ! Dans la pénombre, après une bonne demi-heure à patienter, j’entends un bruit de battement d’ailes à mes côtés. je ne peux pas la distinguer mais je sais que c’est elle !
Durant 20 minutes, elle s’agitera dans le sous-bois à quelques pas de là. Quand j’arrive enfin à l’apercevoir, je me rends compte qu’elle n’est pas toute seule et qu’un second individu est à ses côtés. Quelle chance ! Il faut dire qu’on est en plein dans la période des accouplements, voilà pourquoi j’affute à ce moment de l’année. Puis vint la rencontre tant attendue : l’une d’entre elles, le mêle, passe au vol devant l’affût et vient se brancher sur le noisetier devant moi ! Il fait encore très sombre car le temps et couvert et le brouillard est arrivé discrètement. Mais je la vois dans mon objectif, enfin ! Le Graal ! Je déclenche, mais le manque de luminosité se fait cruellement sentit. Les images sont bruitées (grain numérique), mais j’ai réussi ! De nombreux affûts ont succédé mais à cette heure, je n’ai pas encore réussi à la mettre à nouveau dans la boite. Maline !
Bien sûr, je n’ai pas pu résister à l’envie de rendre visite à « ma » petite hermine qui est désormais en pleine mue printanière. Ce matin-là lorsque j’arrive, elle s’entraine sur les pistes de ski !
Les jours passent et l’hermine fréquente toujours le même pré. La neige a fondu et le soleil a mis à nu les innombrables galeries et taupinières de campagnols qui habitent le sol. Je comprends pourquoi l’hermine posé ses valises ici !
Presque à chaque fois que je vais la voir, elle est là, fidèle au rendez-vous. Le plus souvent, je ne fais pas de belles images par manque de proximité.
Mais cette fois-ci, après deux heures d’attente couchée dans la terre et pour la troisième fois depuis cet hiver, elle me laisse à loisirs jouer au paparazzi. C’est qu’on commence à se connaitre !
Je terminerai cet article qui débutait sous la neige avec le symbole même de l’été et du soleil : les vipères ! Pour ma première sortie de l’année aux vipères péliades (ceux qui me suivent savant que j’ai vu mes premières péliades l’an passé), j’ai de la chance :
je découvre une belle dame allongée de tout son long contre un mur de pierres sèches, par 14 degrés à peine. Et dans un endroit où je n’en avais pas vu l’an passé.
Il faut dire que la végétation était assez haute lorsque j’y suis allé, et qu’une vipère a vite fait de passer inaperçue.
Je garde le meilleur pour la fin : hier mercredi 12 avril, j’ai rencontré ma première vipère péliade mélanique (entièrement noire). J’en rêvais depuis plusieurs années, et m’apprêtais à me rendre dans le Doubs pour tenter d’en observer. Je suis peut-être passé à côté plus d’une fois l’an passé sans jamais la voir !
Les populations de vipères noires vivent à des altitudes souvent élevées et dans des vallées au climat assez rude. Comme la saison favorable au bon développement des vipères est plus courte , la couleur noire des vipères leur permet de capter les rayons du soleil beaucoup plus rapidement que des individus de couleur normale.
Et vive le Jura !