Le blog de Julien Arbez

A fleur d’eau

Ca y est les grenouilles sont sorties de leur hibernation et ont investi la mare. 10 jours plus tard que l’année dernière. Les mâles se disputent les femelles, si bien que l’une d’entre elles finira pas mourir étouffée enlassée par des mâles trop insistants...

On me dit que ces images sont peu ragoutantes et font peur. C’est vrai qu’on peut facilement se laisser aller à faire la grimace. Mais la nature, ce n’est pas seulement des fleurs qui s’ouvrent au printemps, des oiseaux heureux de gazouiller ou de curieux renards. C’est aussi le combat pour la vie, le besoin de pérpétuer l’espèce, et toujours de manger sans se faire manger. 

Alors oui, ces images sont dures, c’est ça aussi la vraie nature ! Comble de l’histoire, la mare qui a accueilli les premières pontes et vu mourir cette grenouille a été comblée en une nuit par de la terre et des caillous suite à la crue d’un ruisseau voisin. Cette année, pas de têtards, pas de tritons, pas de couleuvres. Juste des graines enfouies dans la vase qui offriront d’ici quelques mois un nouvel habitat à de nouveaux résidents.

Au marais de Sionnet, c’est l’inverse ! La plaine de Sionnet se situe sur un ancien marais en cours de reconstitution et alimenté par une petite rivière : la Seymaz. En hiver et au printemps, lors de fortes pluies, la Seymaz déborde ; les parcelles et les champs alentour sont alors inondés, ce qui les rend difficilement cultivables. Ces parcelles deviennent alors un lieu de repos et de nourrissage apprécié par moult oiseaux ! 

Aujorud’hui, ces prés inondables sont gérés par Pro Natura et entretenus chaque année. L’eau étant bien montée suite aux pluies abondantes de ces derniers jours, les oiseaux sont nombreux au rendez-vous. 

A commencer par ces sarcelles d’hiver en plumage nuptial, de tout petits canards d’à peine 350g (contre 1.2 kg pour un colvert sans embonpoint !) qui s’offrent un brin de toilette et filtrent les eaux du ruisseau à la recherche de quelques plantes et insectes aquatiques... 

Les hérons aussi ont répondu présents et font la guerre aux poissons trop peu méfiants qui habitent le marais. Le soir venu, c’est l’envol pour la héronnière, le dortoir qui accueille côte à côte les hérons des environs. 

Cette nuit la lune était pleine. Ce matin, à l’heure ou blanchit la campagne, elle part par-delà les Monts Jura hanter d’autres cieux. Le soleil commence à pointer, je suis en retard, il est temps de retourner au marais de Sionnet ! Hier j’ai rencontré deux lièvres qui se courraient après. Aujourd’hui avec un peu de chance, je les retrouverai.

Bingo ! Il est seul, le second est peut-être déjà à plat ventre dans les choux à tendre l’oreille pour écouter mes déplacements. Il m’a vu avant que je ne le vois ! Les oreilles rabattues sur le haut du dos (essayez de faire la même chose !), il disparait dans la végétation silencieusement, tout en douceur.

Puis Zou ! Le voilà qui bondit sans prévenir, fuyant le photographe que je suis, ou le chasseur que je pourrais être. Deux arrêts pour regarder l’heure au clocher de l’église, juste de quoi se rendre compte que les aiguilles ont tourné et qu’il est temps de se partir se cacher !

Je me suis amusé à faire un montage panoramique à l’aide de 5 photographies que j’ai prises du même lièvre dans un intervalle de moins d’une minute. Voilà que tout seul, Monsieur aux grandes oreilles devient une fine équipe !

Maintenant qu’on a parcouru les champs et mis les pieds dans l’eau, il ne nous reste plus qu’à saluer cette biche en lisière qui retrouve le goût du printemps. Les feuilles sèches seront bientôt dissimulées par les herbes tendres, comme d’ailleurs les bois des mâles qui sont en train de tomber. Bonne chance dans vos recherches !

Avant de nous quitter posons les yeux sur cette éclipse solaire qui a attiré bien des regards ce 20 mars 2015. Par chance à Thônes, le ciel s’est dégagé juste à tant, 5 minutes durant, pour nous laisser apercevoir la lune croquer le soleil !