Le blog de Julien Arbez

29/10/2017

Venus du Nord et d’ailleurs

Il est des plantes et des animaux qui habitent nos paysages depuis des millénaires. Comme l’épicéa et le hêtre qui ont trouvé leur bonheur sur nos sols après la fin de la dernière glaciation, il y a près de 10 000 ans.

automne jura

De même que plusieurs plantes des tourbières qui ont trouvé refuge dans ces endroits qui leur rappellent un peu le Nord et ses conditions de vie difficiles : sol acide, forte pluviométrie, températures moyennes relativement basses…

vallée de l’orbe automne

Le moineau qui autrefois habitait nos campagnes, a su tirer profit des avantages de la ville qui l’a peu à peu adopté : nourriture à profusion, terrasses de café en self-service, nombreux lieux pour nicher.

moineau automne

Ici au jardin des plantes de Genève, les rouges-gorges chantent à tue-tête sans guère se soucier des promeneurs et des enfants qui jouent. Pour cause, ici pas de chasse, pas de chiens, moins de prédateurs qu’en pleine nature. Et voilà que parfois même le rouge-gorge se fait citadin !

rouge-gorge automne

Sur les rives du lac Léman, des bernaches du Canada approchent les vagabonds à la recherche de quelques morceaux de pain. Originaires d’Amérique du Nord, introduite dans les parcs et les jardins européens, cette grande oie prolifère désormais dans quelques grandes villes de nos contrées.

bernarche plumage

Toujours au jardin botanique, un rat surmulot joue à cache cache avec les passants et sort à découvert pour chiper quelques restes de nourriture tombés au sol.  Ce rat, originaire d’Asie, aurait établi son habitat original dans les zones tempérées de ce qui est maintenant la Russie, de la mer Caspienne jusqu’au nord de la Chine. À partir de cet habitat, il  s’est répandu à travers l’Europe au cours du XVIII siècle. Le fameux rat d’août est donc un habitant récent de nos contrées !

rat surmulot automne

Et que dire du tamia de Sibérie ? Originaire comme son nom l’indique des régions froides de l’Asie, il a été importé dans différents pays comme animal de compagnie. Quelques individus ont été relâchés dans la nature et se sont accoutumés à la vie locale. Ce petit écureuil constitue de petits noyaux de population en France comme en Suisse, concurrençant par endroits l’écureuil roux indigène.

tamia de sibérie geneve

tamia de sibérie geneve

Les faisans de colchide ne sont pas arrivés naturellement en France, eux non plus : natif de l’Inde, du Sud Est de l’Asie et de la Chine, les faisans ont été introduits un peu partout, et la reproduction est faite pour produire du gibier en grande quantité : des millions d’oiseaux sont élevés chaque année pour fournir du gibier aux chasseurs.

faisan automne lamoura

C’est le cas pour ce faisan rencontré un matin d’Octobre à lamoura. Aujourd’hui, c’est le faisan le plus répandu et le plus commun des faisans dans le monde…

Aujourd’hui, pour l’Homme et la nature, que veut dire « être d’ici » ?

faisan automne lamoura

rouge-gorge automne

Quittons le jardin botanique de Genève pour retrouver la campagne jurassienne. A la tombée de la nuit, un jeune blaireau quitte le terrier. Les sens en alerte, il comptera sur son nez pour l’informer de la présence d’un danger ou de la présence de nourriture : bulbes, racines à croquer, fins lombrics…

blaireau soir

Les jours ont passé et ce matin, j’ai très envie de me rendre dans une forêt d’altitude, à la recherche du fameux pic tridactyle dont je vous avais parlé dans mon dernier article. Et ce matin que vois-je ? Un magnifique grand tétras.

grand tétras automne jura

Piétant dans un pré-bois non loin de la lisière forestière, le coq se déplace tranquillement en jetant ça et là sa tête armée d’un large bec.

grand tétras automne jura

grand tétras automne jura

La rencontre dure extraordinairement longtemps et je peux l’observer à ma guise, entre épicéas et pierres calcaires. Il est splendide, tout en nuances de bleu, de noir et de brun. Un fin sourcil rouge vient souligner son regard, tandis que quelques bandes et points blancs ponctuent sa robe en quelques endroits de la queue, du dos et du ventre.

grand tétras automne jura

grand tétras automne jura

J’ai en face de moi une relique glaciaire, un oiseau devenu rare et dont le déclin alarmant n’augure rien de bon. Car si ses populations scandinaves se portent à merveille, les populations jurassienne et vosgienne ont de sérieuses difficultés à se maintenir.

grand tétras automne jura

Comme la gentiane jaune, le saule des lapons ou encore le bouleau nain, l’espèce s’est maintenue sur le massif après le retrait des glaciers.

grand tétras jura automne

grand tétras automne jura

Mais les moyennes des températures montent, d’année en année, inéluctablement. La couverture neigeuse se fait de moins en moins importante, les grands froids de moins en moins longs. Dans quelques années, nos enfants auront-ils la chance d’apercevoir ce symbole de nos forêts ?

grand tétras automne jura

Je terminerai ce petit article par un autre emblème des forêts de montagne : la chouette chevêchette. La photo n’est pas bonne tant l’oiseau est haut. Mais la rencontre l’est toujours autant ; Ce sont de ces rencontres qui vous font dresser les poils, tambouriner le cœur et nager dans vos rêves. 

chouette chevechette automne jura

Dans cette forêt magique c’est sûr, j’y retournerai.