Le blog de Julien Arbez

20/05/2015

Une journée avec la belette 

11h du matin. Je suis en montagne, je m’assieds sur un petit rocher pour surveiller le passage du Gypaète barbu. Le temps passe sans qu’une ombre de vautour ne se balade au sol. Je tourne la tête pour regarder derrière moi quand, le temps d’une petite, toute petite seconde, une bête disparait entre les caillous. Une belette ! C’est une belette ! 

belette montagne julien arbez

La belette est beaucoup plus petite que l’hermine. 100 grammes à ep_ine pour un adulte. Imaginez un peu, les jeunes à la naissance pèsent 1 ou 2 grammes ! Si l’on excepte les animaux strictement insectivores, me voilà donc en face du plus petit mammifère carnivore du monde. une chance, moi qui n’en ai vu que trois dans ma vie !

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40 minutes plus tard, la petite belle revient, empruntant le même passage à vitesse grand V, sautillant entre les pierres, disparaissant entre deux pour resortir là où je ne l’attends pas. C’est la troisième belette que j’ai la chance de rencontrer, le décor est minéral, la lumière est au rendez-vous, la belette semble fidèle à son passage. Tout y est pour lancer una affût improvisé !

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Durant une journée entière, la belle fera des allers et retours tous les trois quarts d’heure environ. Des fois dans un sens, des fois dans l’autre. Pourquoi ce passage régulier ? Pourquoi ces horaires réguliers ? Des jeunes patientent-ils sagement sous un bloc de pierres en attendant que maman apporte un campagnol tout chaud ?

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Mystère ! La belette mène un style de vie vraiment frénétique. En raison de sa petite taille, ses ressources énergétiques sont très limitées, et elle doit donc se nourrir et chasser régulièrement pour rester en vie. Mettez-vous à sa place : sa digestion s’effectue totalement en 3 heures ! Elle doit ainsi consommer chaque jour l’équivalent d’un tiers de son poids pour survivre, et madame ne peut rester plusieurs heures sans manger. La bête noire des campagnols, c’est elle !

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Son physique est merveilleusement bien adapté pour poursuivre les rongeurs jusque dans leurs galeries. Ils la connaissent le belette ! Ses courtes pattes, son corps svelte et sa tête étroite lui permettent de se glisser dans les crevasses et fissures les plus étroites, interdisant tout refuge à ses proies. Et les dés sont jetés.

belette montagne julien arbez

Deux fois j’y retournerai, m’installerai sur les rochers et attendrai le passage de la belette. Je ne la reverrai pas. Elle a sans doute quitté les lieux, emportants ses secrets avec elle...

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