Le blog de Julien Arbez

28/08/2021

Un été tout vert

Les sols, ravitaillés par les abondantes pluies de l’été, se sont regorgés d’eau, du moins en surface. Les arbres peuvent enfin en profiter, après une montée de sève qui s’était faite sous un début de printemps sec.

Les grandes astrances d’altitude s’ouvrent à faire pâlir les étoiles,

les bouquets de fougères tapissent certains sous-bois de leurs nuances verts finement découpées.

Les arbres morts voient leur intérieur se mettre en mouvement, on entend grignoter les insectes lorsqu’on y colle l’oreille attentive.

Accrochés au tronc, les gros polypores suintent l’excédent d’eau présent dans le tronc. Chaque gouttelettes en sort comme une loupe sur les pores de sa peau.

Les ascalaphes volent par-delà les prairies ensoleillées, visitant les lisières et se permettant même quelques incursions dans de petites clairières.

Qu’un nuage cache le soleil et les voilà aussitôt posés dans la végétation, les ailes grandes ouvertes, prêts à repartir au premier rayon qui leur apportera pitance.

A deux pas d’ici, une toute jeune et jolie vipère aspic attend, enroulée, que la chaleur lui donne l’énergie nécessaire à sa mise en route.

Un adulte est déjà en chasse, entre tas de branches et arbustes épineux. Ni vue ni connue !

En falaise, les chamois s’amusent, se coursent, semblent prendre du bon temps.

Les cabris nés cette année ont déjà bien grandi. Ils accompagnent encore leur mère évidemment, l’autonomie viendra plus tard !

Au pied de la maison, git un oiseau noir au bec court et aux ailes très fines et pointues. Un jeune martinet est tombé du nid, et la longueur de ses ailes l’empêche de redécoller. Il a besoin d’un petit coup de main. Un envoi en l’air et le voilà reparti près de la troupe, criante et voltigeante, par-dessus les toits du village. Demain comme ses compères, il aura quitté les Moussières pour le Sud !

Les jeunes, les jeunes ! Les jeunes découvrent, cherchent et se trompent parfois. Les animaux ne font pas exception. Cette jeune buse est venue se poser non loin de mon affût aux hiboux. Une jeune buse confiante et curieuse. Une jeune buse qui deviendra grande, GRANDE !

Puis le soir tombe, la poésie grimpe de plus en plus haut. Les fougères se font les passeurs d’un monde de douceur, les nuages rendent au ciel l’écume des jours.

Sur la falaise, un chamois solitaire se joint aux arbres accrochés à pleines racines. Le minéral, la bête et le végétal se sont liés, peut-être pour toujours. Et moi dans tout ça, je suis au monde.